Dimanche de Pâques

Le Christ est vraiment ressuscité, Alléluia !

Nous sortons d’une semaine douloureuse, celle de la commémoration de la mort du Christ, de cette condamnation du Fils de Dieu, sans procès en bonne et due forme, très marquée par un jeu de puissance et de faiblesse. C’est la puissance des responsables juifs face à la faiblesse des gouvernants romains, c’est la force d’une foule influencée face à la faiblesse des disciples décontenancés. Mais au matin de Pâques, c’est une puissance bien supérieure aux précédentes qui se manifeste par la Résurrection de Jésus. Les puissants deviennent faibles, les premiers seront les derniers. Mais la résurrection du Christ n’est pas une démonstration de force, elle est une victoire de la vie sur la mort, événement qui sauve toute l’humanité du péché des origines. Le nouvel Adam se manifeste au monde pour lui dire : « Viens, suis-moi ».

Nous sortons d’une semaine douloureuse aussi par une actualité qui émeut le monde entier, à travers l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Les médias nous rapportent la grande émotion de personnes chrétiennes ou non, par une sensibilité tournée vers l’édifice cultuel pour certaines, culturel pour d’autres. Unanimement tous manifestent une grande reconnaissance pour le travail des secours, qui face à l’ampleur du sinistre, ont agi avec un grand professionnalisme pour préserver le maximum de la cathédrale. Grâce à eux, nous sommes dans l’assurance de sa reconstruction et dans l’espérance que cela se fasse rapidement. Pour les catholiques, ce n’est pas uniquement l’émotion qui doit s’exprimer, même si elle a sa place. C’est la foi et l’espérance qui doivent aussi manifester notre attachement aux édifices qui nous permettent de vivre les grands moments de notre vie chrétienne. Nous sommes tristes, mais non pas abattus, parce que nous savons que les pierres de l’Eglise, c’est nous, pierres vivantes à la suite du Christ. Comme l’a écrit notre évêque, monseigneur Christory : « La toiture rougie par les flammes, en forme de Croix dans la nuit noire, ne disait-elle pas, symboliquement, que dans les ténèbres de nos vies d’hommes, le Christ est là, qu’il nous invite à le choisir et à le suivre. (…) Rien ne nous séparera de l’amour du Christ. Les flammes ne peuvent détruire la foi ».

Les Saintes femmes, ainsi que les Apôtres, sont arrivés plein d’émotion jusqu’au tombeau en ce matin de Pâques, mais sont repartis avec une foi qui surmontait cette émotion. Le mystère de la résurrection, centre de notre année liturgique, vient faire de nous de véritables témoins de l’Eglise vivante, corps mystique du Christ parce que ressuscité. Et nous prenons part à cette Eglise, parce que notre baptême nous a plongés dans la mort et la résurrection de Jésus. Il y a une grande solidarité autour de Notre-Dame de Paris, (parce que la France est capable de ça !). Puisse cette solidarité être aussi spirituelle, c’est-à-dire puisse-t-elle être une communion autour du Christ vivant pour le rencontrer. C’est à nous, chrétiens qui fêtons Pâques, d’en être les témoins, et de montrer le chemin, à l’image de Philippe qui va chercher Nathanaël en lui disant : « Nous avons trouvé le Messie ». Que nos Alleluia soient des chants d’une joie pleine d’espérance ! Qu’ils manifestent au monde l’assurance d’un bonheur éternel. Selon la devise des Chartreux « Sta crux dum volvitur orbis » (la monde change mais la croix demeure), mettons notre foi en la Croix glorieuse, celle du ressuscité, celle qui justement a été préservée dans le chœur de cette cathédrale pourtant bien endommagée. Très bonne fête de Pâques à la lumière du Ressuscité !

Don Hugues Mathieu + curé