2e dimanche de Pâques

« Sauveur » pour les autres

Demandé explicitement par Jésus à sainte Faustine en 1931, institué par le pape Jean-Paul II le 30 avril 2000, le premier dimanche après Pâques est, selon la volonté divine, une fête de sa Miséricorde dans toute l’Eglise. Faut-il y voir une simple dévotion supplémentaire qui apporte une coloration particulière à notre temps pascal ? Bien sûr que non. Comme le souligne le pape François dans un livre-entretien publié en 2016, le nom de Dieu est miséricorde. Parler de miséricorde, c’est donc entrer dans l’intimité et la simplicité même de son Être. C’est chercher à comprendre qui il est vraiment… et s’engager à sa suite !

Les plaies de Jésus, expression de la miséricorde divine

Le Ressuscité se manifeste à ses disciples en prenant soin de montrer ses plaies. Jésus connaît les raisonnements intérieurs de ses apôtres et anticipe leurs réactions. Il veut leur prouver qu’il s’agit bien de lui et pas d’un autre. Mais en montrant ses plaies, il manifeste aussi à leurs yeux de quel amour il les aime. Il les a réellement aimés jusqu’au bout, sans tricher (totalement) et sans calcul (gratuitement). Les plaies du Christ sont ainsi l’expression parfaite de la miséricorde de Dieu. Elles nous rappellent qu’il a pris très au sérieux le rachat de nos âmes en livrant son propre Fils. Nous nous réjouissons de la résurrection de Jésus car elle est une victoire pour nous sur toutes les forces hostiles et négatives de notre existence. Mais cette joie ne doit pas nous faire oublier ce qui nous a sauvé : le sang versé de Jésus. La Résurrection ne remplace pas la croix, mais la consacre. C’est dans la totalité du mystère pascal, passion, mort et résurrection, que Dieu manifeste au monde son amour. C’est ce que rappelle modestement le cierge pascal, symbole du Christ ressuscité qui, reconnaissable par les marques de sa passion, continue d’illuminer le monde.

La miséricorde engage

En prenant le temps de contempler la miséricorde de Dieu en Jésus sauveur, on ne peut pas se contenter d’accueillir passivement cette miséricorde. Les marques des clous et le côté transpercé de Jésus nous révèlent que la miséricorde est, au fond, une affaire grave et donc engageante pour nous. Elle a coûté la vie du Christ. Faire l’expérience de la miséricorde pour soi et pour le monde, devra en quelques sortes respirer à deux poumons : se laisser toucher par cet amour fou de Dieu – se laisser consoler – mais aussi chercher à le consoler. Pour le dire autrement, la miséricorde du Christ me pousse à être miséricordieux pour lui. Comment ? Par une reconnaissance sincère chaque jour, par le soin du plus petit auquel le Christ s’identifie (ce que vous avez fait au plus petits d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait), en pardonnant, en priant pour les pécheurs … Jésus, en soi n’a pas besoin de ma consolation car il se suffit à lui-même. Il est Dieu. Mais lorsque je travaille à le consoler, je l’accueille pour moi-même et je permets au monde de se laisser consoler par lui. Dieu révèle aussi particulièrement sa miséricorde lorsqu’il appelle l’homme à exercer sa miséricorde envers son propre Fils, envers le Crucifié. (Jean-Paul II, Dives in misericordia, n. 8).

En ce dimanche où nous honorons la miséricorde de Dieu, ne nous lassons pas de contempler le Ressuscité qui nous montre la marque des clous et son côté transpercé. Ce sont les marques de notre salut. Le Christ nous a sauvé à tel point que nous devenons mystérieusement « sauveurs » pour les autres !

Don Antoine Storez +, vicaire