Dimanche des Rameaux

La grande semaine de la compassion

Le site La journée de la compassion conseille à celui qui veut apprendre la compassion comme style de vie :

Cherchez l’inspiration. Gandhi, Jésus, Bouddha, Mahomet, Mandela, peu importe. Quelles que soient les cultures, depuis des millénaires, l’histoire est la même : celle d’un être qui, face à l’expérience de la souffrance et du rejet, prend du recul, fait le choix de l’altruisme, et s’engage pour la justesse de sa cause.

Peu importe ? Sûrement pas ! Apprenons la compassion. Et cherchons l’inspiration à cet effet. Mais pas n’importe comment et pas auprès de n’importe qui. Dans cette liste-là, Jésus tient une place totalement différente et unique. Il ne s’est pas seulement montré compatissant, il est la compassion du Père lui-même. Sommes-nous conscients d’être disciples du maître de la compassion que ce monde recherche ? Quelle est cette compassion dont il nous a montré la voie ?

Si, pour entrer dans la compassion, nous avons besoin de prendre du recul d’abord, c’est parce que nous souffrons sans lucidité et sans amour. Dieu, lui, qui est sagesse et amour, n’a pas besoin de recul : le drame de l’éloignement de l’homme, il le connaît parfaitement, et il vient au-devant de nous. Jésus s’est avancé quand on l’a interpellé à Gethsémani, a présenté une joue à Judas qui l’embrassait, son dos à ceux qui le frappaient, sa face à ceux qui l’insultaient sur la croix. Et puis, de toute façon, il avait tout donné, par avance, dans un geste total, délicat et perpétuel : Ceci est mon corps livré pour vous. L’eucharistie, dont nous fêtons l’institution jeudi soir, est le sacrement de la compassion.

Jésus, lui, n’a pas fait comme nous le choix de l’altruisme devant l’expérience de la souffrance et du rejet – dans un second temps et par nécessité. Il a fait au contraire le choix de la souffrance et du rejet en raison de son altruisme. « L’altruisme » de Jésus (que Saint Paul appelle bienveillance, que nos pères appelaient philanthropie, que l’on nomme par-dessus tout amour, charité) est total, antécédent et efficace : il est l’amour en sa source, inconditionnel et immuable, qui s’est mué en la brûlante compassion qui l’a fait devenir pour nous l’Agneau qui ôte nos péchés et le Premier-né d’entre les morts. Il y a là une volonté qui nous dépasse de très haut et que nous contemplons vendredi dans le cœur du Christ ouvert sur la croix : « le secret de ton cœur paraît à nu dans les plaies de ton corps » (Saint Bernard).

Jésus, engagé pour la justesse de sa cause ? Plus qu’aucun autre. Sur la croix, on ne peut plus distinguer en Jésus le don et la prière. Jésus le Messie y est face à son Père, entraîné à un renoncement total, à un anéantissement où sa prière divine de Fils s’écoule et s’épuise par son cœur humain jusqu’au Père. Personne ne l’y contraint ; sa volonté souveraine en est la seule cause : Père, non pas ma volonté, mais la tienne.

La Semaine sainte, avec ses offices qui nous représentent la Passion du Christ et nous unissent à sa prière est la semaine la plus inspirante de l’année (faites-le donc savoir ! tant de baptisés ne participent pas à ces offices !). Elle nous rappelle que chacun de nous est appelé à « tout voir dans la lumière de la vérité et de la compassion de Jésus pour tous les hommes » (CEC 2175). Quelque chose de nouveau et de profondément ressenti doit se passer en nous cette semaine, pour que nous vivions dans le concret de notre existence l’immense compassion du Christ pour le monde. Voici le bois de la croix qui a porté le salut du monde, venez, adorons !

Don Guillaume Chevallier+, vicaire