5e dimanche de Pâques

« Maintenant le Fils de l’homme est glorifié » (Jn 13, 31)

Paradoxalement Jésus dit cela au moment même où Judas quitte le Cénacle en vue de le trahir. La gloire du Christ semble se manifester précisément au moment où Satan semble prendre le dessus. Jésus, jusqu’alors admiré par les foules, honoré comme roi d’Israël aux portes de Jérusalem, est désormais rejeté par les anciens, injurié par les soldats, humilié publiquement et subit le supplice meurtrier de la croix. Quelle gloire étrange aux yeux du monde !

A l’heure où l’Eglise n’a pas toujours bonne presse, où beaucoup de nos frères chrétiens sont menacés dans leur liberté religieuse, où, dans notre société occidentale, l’indifférentisme envers Dieu grandit encore et où l’échec n’est pas admis, ne peut-on pas reconnaître un appel à suivre Jésus dans cette gloire ? Mais en quoi consiste-t-elle exactement ?

La gloire de Jésus ne désigne pas tant l’idée de la renommée que la valeur réelle de la personne. Elle se déploie mystérieusement dans un style de vie qui tranche avec l’esprit du monde. C’est la gloire d’une Thérèse de l’Enfant-Jésus qui a choisit la vie cachée du carmel ou d’une Mère Teresa qui préfère la misère des rues plutôt que les classes sociales supérieures de Calcutta. C’est la gloire des saints, ceux qui ont accepté de capituler devant Dieu.

L’expérience quotidienne nous montre que l’esprit du monde nous tient encore…parfois subtilement. Un examen de conscience plus approfondi, à la lumière du Christ, nous dévoile en effet quelques symptômes de la recherche d’une gloire encore très humaine. Quelques exemples : l’attention que je porte à moi-même sur une photo de groupe, le temps que je passe à m’admirer dans le miroir, la légère amplification d’un fait pour susciter l’admiration de mon interlocuteur, la vexation et le découragement qui découle d’un reproche inattendu, le désir secret de se retrouver en haut de l’affiche, la quête incessante de reconnaissance, etc… Arrêtons-nous quelques instants et relevons la tête. Quelle gloire cherchons-nous ? Celle de Dieu ou celle des hommes ?

Le Christ, lui, ne cherche qu’une gloire, celle de son Père. Ayant la condition de Dieu, il ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu, mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur (…) C’est pourquoi Dieu l’a exalté. (Ph 2, 6.9). La gloire de Jésus découle étonnamment de son abaissement : sa confiance absolue en Dieu, la vive conscience de sa petitesse devant les dons de son Père, l’offrande généreuse et souvent renouvelée de sa vie, le service désintéressé du prochain et l’ouverture à la grâce.

En ce temps préparatoire à la Pentecôte, demandons à l’Esprit-Saint de nous maintenir dans les mêmes dispositions que le Christ Jésus (Ph 2, 5). Les saints qui nous précèdent nous montrent l’exemple. Laissons-nous attirer par la fécondité de leur vie et ne nous trompons pas de gloire. Quel malheur pour vous les riches car vous avez votre consolation ! Mais Heureux vous les pauvres, car le Royaume de Dieu est à vous !

Don Antoine Storez, + vicaire