3ème dimanche du temps ordinaire

Aussitôt…

Devant la spontanéité avec laquelle les premiers disciples répondent à l’appel de Jésus à le suivre, nous sommes souvent un peu déconcertés. « Aussitôt, ils le suivirent » : ces mots nous poussent peut-être à penser que ces hommes n’étaient pas bien là où ils étaient, dans leur travail comme dans leur vie familiale. Ils attendaient l’occasion de changer radicalement de vie comme s’ils étaient à la recherche d’une échappatoire. Éloignons vite cette pensée, le Christ ne peut pas se contenter de disciples qui le suivent par négation d’une vie et non par choix positif. Ce n’est pas la première fois qu’ils rencontrent Jésus, Jean le Baptiste le leur a présenté. Peut-être même que Jésus a déjà une certaine réputation, qu’il suscite déjà un attrait, un intérêt à participer avec lui à l’action messianique. André n’était-il pas allé chercher son frère Simon en lui disant : « Nous avons trouvé le Messie » ? Le fait de suivre Jésus est un acte à la fois réfléchi et spontané.

C’est un acte réfléchi parce qu’il est le fruit de tout un processus. Celui-ci ne s’inscrit pas seulement dans l’approche que Jésus fait vers ces disciples-là, mais dans toute la pédagogie que Dieu utilise en préparant un peuple à recevoir son Fils. Le Christ, même s’il va être rejeté par un grand nombre, va être reçu et accompagné par des hommes qui feront le sacrifice de leur vie présente pour une cause bien plus importante à leurs yeux. Simon, André, Jacques et Jean quittent leurs filets pour devenir « pêcheurs d’hommes ».

C’est un acte spontané parce qu’il fallait être prêt à répondre au bon moment. Ce n’est plus le temps de la réflexion mais de l’action. Cette action commence par une décision, qu’il faut prendre au moment où elle se présente.

À cela, il faut ajouter le rôle de la grâce. Dieu a préparé le cœur de chaque homme pour qu’il réponde à son appel. Il y a un appel spécifique pour ces premiers disciples, mais la spontanéité dans la réponse devrait pouvoir s’appliquer face à n’importe quel appel du Seigneur.

Une des belles figures en la matière est Saint Joseph qui va toujours se mettre à l’ouvrage, sans attendre, dès que Dieu l’appelle par l’intermédiaire de l’Ange Gabriel. Après chaque songe, l’évangile nous dit qu’il se met aussitôt à l’œuvre, et pour prendre Marie chez lui, et pour fuir en Égypte, et pour revenir à Nazareth.

En général, nous sommes plutôt spontanés pour repousser ce qui nous impliquerait trop à suivre le Christ, surtout si nous devons faire le sacrifice d’autres choses. Si nous demandons à Dieu de nous donner le pain de chaque jour, soyons nous aussi capable de répondre chaque jour à son amour. Cela passe par les petites choses, peut-être seulement par la fidélité à une prière quotidienne. Cherchons ce qui serait notre meilleure réponse à ce que Dieu attend de nous pour avancer dans notre vie chrétienne, et ayons l’audace d’y répondre « aussitôt ». C’est une grâce à demander à l’Esprit Saint, mais c’est aussi un exercice à s’imposer pour éduquer notre volonté vers ce que Dieu veut de meilleur pour nous.

Don Hugues Mathieu +curé