4ème dimanche du temps ordinaire

Tais-toi ! Sors de cet homme !

Imaginons un instant Jésus et le diable, face à face, faisant un bras de fer. Les paris sont ouverts…qui remportera la victoire ? Jésus, assurément ! En réalité imaginer un tel tableau, en plus du côté burlesque, nous fait entrer dans une logique bancale. Le Fils de Dieu et Satan ne peuvent pas être mis sur un plan d’égalité, le premier étant Dieu et créateur, le second une simple créature angélique. Étant pur esprit, le démon a une réelle puissance, mais il reste une créature et ne pourra jamais empêcher l’édification du règne de Dieu.

Jésus le montre avec force aujourd’hui dans l’Évangile. Sa parole, dans ce face-à-face avec un esprit impur, est abrupte mais efficace. La Parole de Jésus réalise ce qu’elle dit, parce qu’elle est unie à sa volonté : Tais-toi ! Sors de cet homme ! Aussitôt, l’esprit sort de l’homme, sans aucune forme de commentaire. Il n’y a pas de dialogue possible avec le mal. Cette démonstration de l’autorité divine sur les puissances du mal n’est pas une exception dans l’Évangile. De très nombreuses guérisons et des exorcismes façonnent la vie du Christ tout au long de son ministère. Le point culminant de cette autorité du Christ se trouve dans la victoire de la Résurrection.

Jésus-Christ est le grand vainqueur… c’est le cœur de notre foi : Si le Christ n’est pas ressuscité, notre proclamation est sans contenu, votre foi aussi est sans contenu (1 Co 15, 14). Mais alors, comment expliquer que cette victoire soit si peu visible ? En fait, c’est précisément parce qu’il se sait déjà vaincu que le démon agit avec autant de hargne, cherchant à déjouer les vues de Dieu et à mettre un voile entre nous et lui. Il continue d’occuper l’espace que Dieu lui accorde mystérieusement dans sa Providence, avec l’énergie du désespoir, se sachant déjà perdu et condamné. Pour nous, l’essentiel est déjà acquis, mais le triomphe de Jésus-Christ n’est pas encore pleinement manifesté dans ses conséquences sur l’humanité. Celle-ci continue de gémir, [passant] par les douleurs d’un enfantement qui dure encore (Rm 8, 22).

La mission de l’Église est de hâter ce triomphe du Bien en répandant la Parole de Vie, cet enseignement nouveau transmis par le Christ. Vivant, il agit toujours avec la même autorité dans les cœurs ouverts à sa grâce. L’Évangile est capable de changer les personnes ! C’est donc la tâche des chrétiens d’en défendre partout la force rédemptrice, en devenant missionnaires et hérauts de la Parole de Dieu (Pape François). Cette dimension missionnaire est suggérée par les derniers mots de l’Évangile : Sa renommée se répandit aussitôt partout, dans toute la région de la Galilée.

Voilà sans doute une belle façon d’exercer pour tout homme une vraie charité (collecte) : être partout où nous sommes des « hérauts de la Parole de Dieu », confiants dans sa force, toujours capable de créer l’étonnement et raviver l’espérance !

Don Antoine Storez +vicaire