2ème dimanche du temps ordinaire

Même pas peur !

Faut-il entendre une voix pour connaître la volonté de Dieu dans notre vie ? Est-ce que ces gens qui entendent un message, comme Samuel, ou la Vierge Marie, ou saint Paul ou sainte Jeanne d’Arc, ou Mère Teresa, sont les seuls à qui Dieu indique le chemin qui les rendra heureux et saints ? Les seuls qui peuvent répondre, comme Samuel, « Me voici… Parle, Seigneur, ton serviteur écoute » ?

Beaucoup de gens disent « Dieu ne m’a jamais parlé ». Certains en concluent, un peu déçus, que sans doute ils n’ont pas beaucoup d’importance dans le plan de Dieu, qui doit parler aux généraux mais pas aux petits soldats ; d’autres au contraire en sont comme soulagés, pensant à peu près : « Si Dieu me parlait pour me demander quelque chose, je n’aurais plus qu’à m’exécuter, je ne serais plus très libre ! Mieux vaut une volonté pas trop claire, qu’on peut interpréter tranquillement… »

C’est ainsi que beaucoup de jeunes chrétiens évitent de trop s’approcher de Dieu. D’ailleurs leur entourage, parfois leurs parents, trouverait cela exagéré ou suspect. Qui sait, ça pourrait donner des idées à Dieu : ils pourraient « attraper la vocation » ! Et il y a quand même des choses plus utiles et plus amusantes à faire, dans la vie, avec ses talents… Un jeune papa me confiait qu’on l’avait désinscrit du catéchisme, à dix ans, parce qu’il priait tout seul et qu’il parlait de Jésus à la maison : « tu vas finir curé ! »

C’est encore ainsi que tant de chrétiens adultes écoutent d’une oreille distraite ou habituée, ne sont pas sûrs que les conseils de l’Evangile soient réalistes et qu’on peut progresser au cours de notre vie, ni ne lisent les éditos dans les feuilles paroissiales… Bravo, ce n’est pas votre cas !

C’est que depuis la faute originelle, celle d’Adam et Eve, quelque chose se transmet à chaque personne, avec la nature humaine reçue à notre naissance. La peur que Dieu soit un gêneur, un « priveur », prêt à nous empêcher de vivre pleinement parce qu’il nous voudrait comme esclaves. Cette tentation-là, murmurée par un orgueilleux révolté, était à l’origine : « Dieu sait que quand vous en mangerez, vous serez comme des dieux »… Dieu met une limite à votre vie, désobéissez et vous vivrez vraiment. Et comme résultat, entendant la voix de Dieu, ils se cachent… « J’ai eu peur, et je me suis caché ! » Est-ce qu’il nous arriverait aussi de nous cacher, par peur ?

Justement l’œuvre de Dieu, c’est de nous en guérir, de cette peur. Benoît XVI nous criait en 2005 : « N’ayez pas peur du Christ ! Il n’enlève rien, il donne tout ! » En fait, Dieu veut parler au cœur de chacun de nous, et pour notre joie. Vraiment. Beaucoup l’entendent. Mais pour parler Il attend que se taise en nous la peur. Par sa grâce Il nous aide même à la faire taire.

Et comme Dieu n’aime pas nous hurler aux oreilles, c’est à nous de vivre autant que possible, comme Samuel dans le Temple, dans une ambiance où le bruit des soucis, des curiosités, des convoitises, ne couvre pas trop sa voix. A nous d’écouter souvent sa Parole, en lisant l’Ecriture sainte. Le psaume nous donne cette clé : « Dans le livre, est écrit pour moi ce que tu veux que je fasse. Mon Dieu, voilà ce que j’aime : ta loi me tient aux entrailles. »

Les groupes de lecture de la Bible, les heures d’adoration, la confirmation, le parcours Alpha, sont d’ailleurs ouverts… à tous ceux qui voudraient aider Dieu à leur parler !

Don Enguerrand de Lorgeril +vicaire