Été 2023

« On verra bien s’ils entreront dans mon repos ! » (Hb 3, 11, et Ps 94, 11)

Dans l’évangile de ce 14ème dimanche, Jésus annonce le repos à ceux qui se mettront à son école. Voilà une promesse qui devrait nous faire du bien, en particulier en ces mois où beaucoup d’entre nous prennent de la distance par rapport aux activités ordinaires qui peuvent devenir pesantes. Oui, après une année scolaire ou au travail, après tant d’activités de service, nous avons besoin et envie de faire une pause, de « recharger les batteries ». Il n’y a pas à mépriser ce besoin : au contraire, Jésus nous rappelle que c’est un désir de notre âme… Dieu ne se repose-t-il pas le septième jour de la création ? Mettre en valeur le travail ne doit pas nous conduire à négliger la valeur de ce temps qui ouvre notre cœur à Dieu et aux autres. Le repos est nécessaire à notre liberté ; lui seul nous permet de chercher Dieu sans entraves.

Certes, il est un peu facile de parler de repos estival, quand pour beaucoup d’entre nous cela peut être un surcroît de fatigue ou de solitude. Pourtant, tous, nous sommes appelés au repos : qu’est-ce que cela signifie, comment le vivre ?

Pour commencer, le repos implique une distance par rapport à nos activités ordinaires. C’est l’occasion de relire notre année, ses joies et ses difficultés ; l’occasion de rendre grâces ou de confier des souffrances à Dieu. Ensuite, il est nécessaire d’accorder du repos à notre corps. Comment pouvons-nous accomplir le commandement de la charité fraternelle si notre corps épuisé s’impose à notre esprit ? Pour se reposer, il est important également de bien se connaître. Suis-je plutôt activiste ou paresseux ? Ni l’un ni l’autre ne reposent vraiment : il ne s’agit pas de ne rien faire (et encore moins de caser le maximum de choses absolument urgentes à faire de toute nécessité), mais de réfléchir à ce qui nous fait vraiment du bien. Sommeil, musique, sport, visite, rencontres, lectures… Bien sûr, cela ne peut pas se vivre de la même façon si je n’ai pas de congés, si je n’ai pas l’occasion de voir ma famille ou mes amis. Mais il est toujours possible de s’arrêter un instant pour se demander : de quoi ai-je vraiment besoin ? Qu’est-ce qui fait du bien à mon corps et à mon âme ? Comment profiter de ce temps pour mieux aimer Dieu et mon prochain, pour trouver de nouvelles manières de montrer ma charité ? Bien sûr, un chrétien doit avoir à cœur durant ces semaines de s’intéresser d’une manière toute particulière à ceux qui sont seuls, pauvres, désemparés. L’égoïsme ne repose pas, contrairement à la charité fraternelle simple et joyeuse. 

Un dernier mot : quand Jésus parle de repos, il parle aussi de paix, un besoin fondamental de nos sociétés ; les semaines passées nous en ont rappelé la nécessité. Il en va du groupe humain comme des individus : sans paix, pas de vie avec Dieu pleine et entière. Il nous faut être des artisans de paix pour que chacun puisse entendre l’Évangile et le vivre. Cela veut dire la demander dans la prière, mais aussi agir pour la faire grandir. La première lecture de ce dimanche nous donne une condition. Le « roi victorieux » qui apporte la paix est juste : c’est-à-dire qu’il donne à chacun ce qu’il doit recevoir, et ne laisse pas l’égoïsme et le calcul intéressé dominer les rapports humains. Sans justice, pas de paix véritable. Quel est mon engagement pour la justice ? Voilà une question qui pourra nourrir nos relectures de cet été…

Bon été !

Don François Doussau + prêtre