Edito du 5ème dimanche de Pâques

Il n’est pas bon que nous délaissions la Parole de Dieu (Ac 6, 2)

C’est la conclusion que tirent les apôtres et les premiers disciples de Jésus de Nazareth après avoir tenu conseil entre eux devant le nombre grandissant de croyants. Même s’il revient particulièrement à certains, dont c’est la vocation spécifique, d’étudier et de dispenser la Parole de Dieu, cet avis d’une des premières assemblées de disciples, nous montre bien que la Parole de Dieu n’est pas accessoire dans la vie de l’Eglise. Quel rapport avons-nous nous-mêmes avec la Parole de Dieu ? Voici trois indices qui peuvent nous aider à nous situer…

 Suis-je capable de dire quel passage de l’Ecriture me porte en ce moment ? Si vraiment je suis familiarisé avec la Parole de Dieu, je dois en être habité au point qu’elle pénètre mes pensées et mes sentiments et fasse naître en moi un esprit réellement nouveau. Certains passages sont inscrits dans notre mémoire et nous porte toute une vie. La parole du Christ en croix J’ai soif (Jn 19, 28) a touché le cœur de Mère Teresa au point d’être déterminante dans sa vocation auprès des plus démunis des rues de Calcutta. D’autres passages nous touchent car ils répondent à nos interrogations liées aux circonstances du moment (difficulté, heureuse nouvelle, crainte, etc.) La Parole de Dieu ne s’oppose pas à notre vie. Au contraire, elle la porte, l’illumine et la mène à son accomplissement (Benoît XVI). Quel verset aujourd’hui habite mon cœur ?

 Suis-je capable de dire quels étaient les textes de dimanche dernier ? A force d’entendre toujours les mêmes histoires, nous pouvons avoir un premier réflexe de lassitude et ne plus vraiment écouter les textes de la liturgie. Imaginons-nous pourtant avoir un rendez-vous avec une personne importante – comme le Pape par exemple – et ne pas écouter ce qu’elle a à nous dire personnellement ? Loin d’être une Parole du passé, la Parole de Dieu – parce qu’elle est de Dieu et donc intemporelle – est vivante et toujours actuelle. Le défi du prêtre ou du diacre pendant l’homélie est de rendre manifeste cette actualité de l’Evangile dans notre vie. Ceux-ci doivent donc prendre à cœur ce devoir. Mais le défi de tout chrétien est d’accueillir ces paroles, de se les approprier et d’en faire réellement son pain. Saint Jérôme l’affirme ainsi, montrant bien le lien étroit entre l’écoute de la Parole de Dieu et la communion eucharistique : Je pense que l’Evangile est le Corps du Christ (…). Le corps et le sang du Christ sont vraiment la Parole de l’Ecriture, c’est l’enseignement de Dieu. Ceux qui refusent d’obéir à la Parole, nous dit Saint Pierre dans la deuxième lecture, se heurte au Christ lui-même, la pierre vivante rejetée par les hommes.

 Ai-je le désir de faire connaître la Parole de Dieu ? C’est l’ultime indice. Plus nous aimons Dieu, plus nous sommes convaincus du caractère performatif de sa Parole, et plus nous devenons conscients que celle-ci a une vocation missionnaire. Elle est la vérité salvatrice dont chaque homme a besoin en tout temps (Benoît XVI). L’Eglise est responsable de l’annonce de cette Parole qui entretient dans les cœurs le culte de la vérité, et qui sauve. Chacun trouvera la manière juste, enthousiaste et audacieuse de la transmettre : par son style de vie, par la catéchèse, par la prière familiale, …Spécialement priée pendant le mois de mai, honorée ces jours-ci sous le vocable de Notre Dame de Fatima, la Vierge Marie a modelé toute son existence à partir de la Parole de Dieu. Humblement, demandons-lui de faire grandir en nous l’amour des Ecritures, conscient qu’elles sont pour nous le Chemin, la Vérité et la Vie.

Don Antoine, † vicaire