Edito du 32ème dimanche du Temps Ordinaire

« Seigneur, Seigneur, ouvre-nous ! » (Mt 25)

La fin de l’année liturgique nous invite chaque année à une méditation particulière des fins dernières. La fête de la Toussaint nous a largement introduit à cette dimension du Ciel, suscitant notre admiration des Saints et de leurs cheminements. Nous ne devons pas en rester à l’admiration, ou alors une admiration qui nous pousse à rêver d’être un jour accueilli dans le Royaume des Cieux au même titre que ces Saints qui nous ont précédés. Le Pape François invite régulièrement à rêver son avenir et celui de l’Eglise, non pas des rêves utopiques, mais des rêves motivants notre vie à autant de conversions nécessaires pour transformer le rêve en réalité. Alors rêvons d’être des Saints ! Ainsi, lorsque nous dirons « Seigneur, Seigneur, ouvre-nous ! », les portes s’écarteront pour nous permettre de voir Dieu. Mais ce n’est pas sans condition… La parabole des vierges prévoyantes et des vierges inconscientes résume la condition par la réserve d’huile. Uniquement celles qui ont prévu cette réserve vont pouvoir entrer dans la salle de noces. Quelle est donc cette réserve qui permettrait à la flamme de notre baptême d’être sans cesse allumée jusqu’au jour et l’heure que nous ne connaissons pas ?
Notre baptême est une première alliance avec Dieu, dans l’attente des noces éternelles. Donc, tout ce qui nous relie à Dieu est d’autant d’élément pour alimenter notre réserve, sachant que ces liens doivent s’affermir sans cesse tout au long de notre vie. La Foi, l’Espérance et la Charité sont les éléments constitutifs de notre réserve. Ce sont des vertus théologales, Dieu en est l’origine et nous donne d’être présent en nous à travers ces trois dons. A l’école de Saint Paul, n’oublions pas que la plus importante est la charité (cf 1Co13,13). C’est dans cette ligne-là que le Pape François nous exhorte : « Dans cet horizon, on comprend l’invitation de Jésus à être toujours prêts, vigilants, en sachant que la vie dans ce monde nous est donnée également pour préparer l’autre vie, celle avec le Père céleste. Et il existe pour cela une voie sûre : bien se préparer à la mort, en étant proches de Jésus. Et comment fait-on pour être près de Jésus ? Avec la prière, dans les sacrements et aussi dans la pratique de la charité. Rappelons-nous qu’il est présent chez les plus faibles et nécessiteux. C’est pourquoi une voie sûre est de retrouver le sens de la charité chrétienne et du partage fraternel, de prendre soin des plaies corporelles et spirituelles de notre prochain. La solidarité en compatissant à la douleur et en donnant l’espérance constitue les prémisses et la condition pour recevoir en héritage ce Royaume préparé pour nous. Qui pratique la miséricorde ne craint pas la mort. Et pourquoi ne craint-il pas la mort ? Parce qu’il la regarde en face dans les blessures de ses frères, et il la dépasse avec l’amour de Jésus Christ » (Audience du 27 novembre 2013). Si le désir de vivre pleinement la charité est présent dans notre cœur, la grâce de Dieu nous permettra d’être non seulement prévoyant comme les vierges de la parabole, mais sereins pour me présenter devant le Seigneur, n’enlevant en rien la nécessité de progresser. « Si ma vie a été un chemin avec le Seigneur, un chemin de confiance dans son immense miséricorde, je serai préparé à accepter le moment ultime de mon existence terrestre comme l’abandon définitif plein de confiance entre ses mains accueillantes, dans l’attente de contempler face à face son visage. C’est la plus belle chose qui puisse nous arriver : contempler face à face ce visage merveilleux du Seigneur, le voir comme Il est, beau, plein de lumière, plein d’amour, plein de tendresse. Nous allons jusqu’à ce point : voir le Seigneur ».

Don Hugues Mathieu, †curé