Dimanche de la divine Miséricorde

Sois croyant !

Saint Thomas, dans sa difficulté à croire immédiatement, nous ressemble. En raison de notre faiblesse dans la foi, nous trouvons facilement des excuses à l’incrédulité de l’apôtre. Comment aurions-nous réagi à sa place ? Jésus n’est pas moins miséricordieux, au contraire. Sa paternité, alliant la fermeté et la douceur, s’exerce avec excellence : Cesse d’être incrédule, sois croyant. Que dire ? La foi n’est-elle pas un don que nous recevons de Dieu, et non quelque chose qui se commande ? La foi se résume-t-elle à une question de volonté ?

Certes, la foi nous vient d’abord de Dieu. C’est lui qui nous a aimé le premier et qui a l’initiative (1 Jn 4, 9). Pour exister, notre capacité à nous tourner vers lui pour dire avec une certitude intérieure « je crois », requiert sa grâce prévenante et aidante, ainsi que les secours intérieurs du Saint-Esprit qui touche les cœurs. (Concile Vatican II, Dei Verbum 5). C’est sans doute l’expérience de nos nouveaux baptisés de la nuit de Pâques. Avant de recevoir la foi en plénitude par le sacrement du baptême, l’Esprit était déjà à l’œuvre dans leur cœur, suscitant en eux le désir mystérieux de suivre le Christ, sans le connaître vraiment. C’est l’expérience de tous les baptisés quand ils perçoivent en eux des désirs forts qui les poussent vers Dieu. Ce même Esprit continue à chaque instant, par ses dons, de rendre notre foi plus parfaite. Il aura toujours un temps d’avance…

Mais Dieu ne veut pas agir seul. Il veut que nous soyons ses collaborateurs. C’est là, pour nous, la source d’une joie indicible. Dans la Bible, la foi est d’ailleurs souvent présentée comme une écoute de sa parole et est associée à l’ouïe. La foi naît de ce qu’on entend nous dit Saint Paul (Rm 10, 17). Autrement dit, la foi correspond à une disposition du cœur : un cœur confiant, docile et aimant. C’est ce cœur de disciple, prêt à recevoir d’un autre, que Jésus souhaite pour Thomas et pour chacun d’entre nous : Cesse d’être incrédule, sois croyant… C’est-à-dire : sois plus immédiatement confiant dans la joie manifeste de mes témoins, dans leurs paroles qui sonnent vraies et qui concordent… Laisse-toi toucher par la joie contagieuse de la Résurrection qui te concerne aussi ! Ne cherche pas à résister au bonheur quand celui-ci s’impose à toi. Laisse-toi saisir par ce qui est beau et vrai.

Croyant, saint Thomas le devient vraiment. Malgré son incrédulité, il s’est joint à la communauté le dimanche suivant, suite au témoignage des disciples. C’est en ouvrant son cœur à leur communion fraternelle qu’il fera finalement l’expérience du Ressuscité. Attiré par ses plaies et par son côté ouvert, il comprend désormais que Jésus l’a aimé le premier et son cœur est définitivement transformé. La mémoire chrétienne reconnaît en lui le premier évangélisateur de l’Inde, peut-être même de la Chine…

En cette semaine inaugurée par le dimanche de la miséricorde, ne craignons pas de présenter humblement nos manques de foi au Christ ressuscité, en même temps que notre désir ferme de grandir dans notre confiance en lui. Soyons nous aussi croyants pour faire de notre communauté paroissiale un lieu qui favorise l’expérience du Ressuscité !

Don Antoine Storez + vicaire