7ème dimanche du Temps Ordinaire

Dur dur d’être chrétien

Chrétien, bonne poire !

Dans notre monde déchristianisé, quelques références à l’évangile subsistent encore. Beaucoup de non-baptisés connaissent, au moins vaguement, cette recommandation de Jésus : À celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre joue. Mais lorsqu’elle est citée, c’est souvent pour se garder de l’appliquer : « ah non, ça suffit ! Là, je ne vais pas me laisser faire, je ne vais pas tendre l’autre joue ! Je ne suis pas une bonne poire ». S’agit-il vraiment d’être une bonne poire pour suivre le Christ ? Jésus demande-t-il vraiment au chrétien de toujours se laisser faire ?

Non, mais attendez, je vous explique !

On pourrait discuter du lien entre charité et justice, lire la magnifique encyclique de Benoît XVI sur le sujet, et dire que la vraie charité présuppose toujours la justice (cf. Caritas in Veritate n° 6). On pourrait avancer que si « charité bien ordonnée commence par soi-même » cela suppose qu’il doit exister un droit de se défendre. On pourrait remettre la phrase de Jésus dans son contexte en soulignant que cette « formule choc » est volontairement excessive pour faire pénétrer dans les esprits cette notion essentielle du message chrétien : Aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour.

Il manque quelque chose !

On pourrait… ce serait juste, mais ce serait encore insuffisant. Car il manquerait l’élément clef du discours de Jésus : vous serez les fils du Très-Haut, car lui, il est bon pour les ingrats et les méchants. Le chrétien est un imitateur du Père. Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. L’exigence morale doit être comprise comme imitation, et ne peut donc être dissociée de la contemplation. Pour bien imiter, il faut bien observer. Les yeux fixés sur Jésus (image parfaite du Père), le chrétien rayonne de la bonté qu’il contemple.

Chrétien, bonne pâte !

Revenons à notre dilemme : tendre l’autre joue ou ne pas se laisser faire ? Si je me laisse faire par les hommes, je suis bonne poire ; mais si je me laisse faire par Dieu, je suis bonne pâte car je me laisse modeler entre ses mains. La bonne pâte qui cherche à imiter le Christ saura discerner, selon les circonstances, s’il faut utiliser le fouet pour chasser les vendeurs du Temple ou garder le silence pour vivre la Passion.

Don François-Xavier Pecceu + vicaire