5ème dimanche de Pâques

En dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. Demeurez en moi.

Le ton est donné : sans Jésus, notre vie est vide. Jésus ne dit pas « en dehors de moi, vous ne pouvez pas faire de miracle » ou « vous pourrez faire bien peu dans l’amour et l’annonce de l’Evangile », mais bien « vous ne pouvez rien faire. » Autrement dit, ce qui à notre existence son authenticité et son efficacité, c’est vraiment notre adhésion personnelle à Dieu dans tous ce que nous vivons. C’est un des 5 points essentiels que le Pape François formule dans sa récente publication Gaudete et exultate pour répondre à l’appel à la sainteté dans le monde actuel. Il nous invite à être en prière constante (§ 147 et suivants). C’est cela que Jésus appelle : Demeurer en lui. Pour nous aider, très concrètement, à être constamment avec Jésus, il convient de ne pas partir sur des fausses pistes…

« Demeurer en lui » ne veut pas dire « ne rien faire ». Il est vrai qu’être constamment avec Jésus indique d’abord un état, et non une action proprement dite. Nous sommes dans l’« être » et non dans le « faire ». Mais nous pouvons « être » tout en faisant… Nous pouvons restés dans une union intime avec Dieu, au milieu de nos activités. Le travail offert et accompli pour Dieu devient en quelque sorte une prière. Pour cela, nous pouvons souvent faire retour à Dieu au milieu de notre activité : « Seigneur, c’est pour toi… » ; « Seigneur, aide-moi… » ; « Seigneur, j’ai confiance en toi… ». Cela dit, il faut être aussi réaliste, ce n’est pas si facile que cela de penser à Dieu en étant plongé dans nos occupations. Pour que cela soit possible, des temps de qualité avec le Seigneur sont nécessaires pour éduquer notre cœur à s’ouvrir à la transcendance et laisser vraiment Dieu habiter en nous.

« Demeurer en lui » ne veut pas dire « être immobile ». Le verbe « demeurer » renvoie d’abord à une certaine stabilité. Les Pères de l’Eglise associaient ce verbe à la perseverantia, vertu qui fait tenir patiemment dans la communion avec le Seigneur au milieu des vicissitudes de l’existence. Mais cette patience qui domine l’écoulement du temps suppose en réalité une adaptation permanente de notre volonté et de notre intelligence à celles de Dieu. Celui qui est en Dieu est en fait dans une dynamique constante de transformation intérieure, et donc en mouvement. Ainsi, paradoxalement, « demeurer en Dieu » signifie « accepter d’être en mouvement » pour passer du découragement à l’espérance, de la tristesse à la joie intérieure, de la crainte à l’audace, de l’acédie au goût des choses de Dieu, … bref, d’un cœur froid à un cœur brûlant.

« Demeurer en lui » ne s’obtient pas des techniques, cela ne veut pas dire « pratiquer un yoga chrétien ». Si le yoga est une technique, la vie de prière ne peut pas en être une, car elle est d’abord une relation avec une personne réelle et concrète, Jésus-Christ. Le yoga consiste à relier tous les aspects de son être (physique, énergétique, émotionnel …) en faisant le vide en soi. Mais le véritable facteur d’unité de toute notre personne se trouve dans cette ouverture à la transcendance en Jésus-Christ. Souvenons-nous, rappelle le Pape François, que c’est la contemplation du visage de Jésus mort et ressuscité qui recompose notre humanité, même celle fragmentée par les vicissitudes de la vie, ou celle qui est marquée par le péché. (GE 151).

Renouvelons cette semaine notre désir de demeurer en Dieu en portant notre regard vers les fruits réels qui découlent de cette union dans la prière, la charité fraternelle et l’annonce de l’Evangile. Celui qui demeure en moi, dit le Seigneur, porte beaucoup de fruit.

Don Antoine Storez +, vicaire