Édito du 33e dimanche du temps ordinaire

image-33-eme-dimanche« Prenez garde de ne pas vous laisser égarer » (Lc 21)

La fin de l’année liturgique oriente systématiquement notre médiation vers les fins dernières. Dans la dynamique de ce que l’Eglise veut nous faire vivre, il y a cette orientation de tout le projet de Dieu sur l’homme : « Venez les bénis de mon Père, recevez en héritage le royaume préparé pour vous avant la création du monde » (Mt 25,34). Pour être conduit dans ce royaume, notre vie ici-bas est une succession de grâces qui nous permet de choisir le bien et de rejeter le mal. On est bien conscient de la réalité du péché qui, par un orgueil plus ou moins subtil, empêche la grâce d’agir pleinement en nous.

L’action miséricordieuse de Dieu, lorsque nous en avons le désir, vient purifier notre âme par le sacrement de la confession, afin de sans cesse rétablir cette communion avec Dieu. L’honnêteté nous oblige à constater que nous nous laissons souvent égarer, ce qui rend le chemin de la Sainteté bien difficile.

Par quoi laissons-nous nous égarer ?

Par nous-mêmes : Nos traits de tempérament nous rendent plus ou moins fort dans tel ou tel domaine de notre vie quotidienne, et l’orgueil nous pousse à choisir des solutions de facilité plutôt que de faire l’effort de rester dans la grâce. La gravité du péché se cache à nous-mêmes,  notre volonté à choisir le bien est amoindrie, et l’égarement se passe sans que nous ne nous en apercevions vraiment.

Par des habitudes : Dans le péché, il y a ce qui est très ponctuel et ce qui est habituel. Nous sommes bien souvent plus vigilants dans des situations particulières que lorsqu’une certaine habitude s’installe. C’est vrai dans les actes positifs, nous avons des bonnes habitudes, mais c’est aussi vrai de manière négative lorsque  les tentations sont tellement habituelles que notre
réponse à celles-ci ne pose plus de problème moral. Ce qui est ponctuellement un péché n’est plus péché lorsqu’il est habituel (pour bien comprendre, il suffit de penser à la gourmandise…). Là encore, l’égarement est bien subtil et bien présent.

Par notre société : Comme il est difficile d’éduquer des enfants dans un monde où certaines pratiques sont devenues la norme tout simplement parce que beaucoup les vivent sans aucun problème de conscience. Ce qui était moralement mauvais est devenu acceptable, et au nom d’une certaine tolérance, aucune opposition est possible sans être connoté de ringard. Là encore, il est facile de s’égarer.

Par les autres : Autant on peut travailler à se sanctifier les uns les autres, autant l’influence des autres peut nous conduire au péché. Il y a une certaine complicité qui peut vite révéler nos fragilités. Le meilleur exemple est peut-être celui de la médisance, elle est toujours plus puissante à plusieurs !

Par le malin lui-même : Il profite toujours d’un terrain favorable, lorsque nous nous y attendons le moins, pour influencer nos décisions, nos choix, nos actes. Le tentateur rode comme un lion rugissant prêt à dévorer sa proie (cf 1P 5,8).

« Prenez garde de ne pas vous laisser égarer » : la grâce de Dieu dépasse tout ce qui peut nous égarer parce que le Seigneur est vraiment celui qui nous conduit (cf Ps 22). C’est donc en inondant notre vie de la présence de Dieu que nous pouvons avancer dans la confiance sur le chemin de notre vie.