2ème dimanche de carême

« Venez, montons à la montagne du Seigneur » (Is 2,3)

Pour se rendre sur la montagne et y être transfiguré, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean. Ce sont les apôtres privilégiés, ceux qui sont appelés par Jésus à être à la première place dans les grands moments, ce sont les proches, peut-être les confidents d’un Jésus qui ne veut pas tout garder pour lui. D’ailleurs, le fait que Jésus leur demande de ne pas raconter ce dont ils ont été témoins souligne ce rôle de confident. Pierre, Jacques et Jean ne sont pas « Monsieur Tout le monde », pris au hasard au coin d’une rue. Leurs places sur la montagne, auprès du Christ transfiguré, ont été préparées, ne serait-ce que par le premier appel qu’ils ont reçu alors qu’ils étaient dans leur barque. Puis il y a les autres, ceux qui ne sont pas concernés, voire pas intéressés, ceux qui n’étaient pas sur le chemin de Jésus, ceux sur qui Jésus n’a pas posé son regard, ceux qui restent au pied de la montagne.

Par humilité, nous ne nous retrouvons pas dans Pierre, Jacques ou Jean. Nous sommes au pied de la montagne et nous attendons un appel, un signe, une grâce… Nous risquons d’attendre longtemps : « Cette génération est une génération mauvaise : elle cherche un signe, mais en fait de signe il ne lui sera donné que le signe de Jonas » (Lc 11, 29).

Alors rêvons un peu et mettons-nous dans la peau de Pierre, Jacques ou Jean. N’avons-nous pas été appelés par notre baptême ? Alors montons nous aussi sur la montagne du Seigneur, c’est notre chemin de carême.

Avec quel bagage ?

Celui qu’avait les apôtres, celui qu’ils venaient de recevoir de Jésus juste avant cette invitation à l’accompagner : l’annonce de la Passion et les conditions pour le suivre. « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il renonce à lui-même et prenne sa croix » (Mt 16,24). Ce sont les bagages du détachement, de la mise de côté du superflu, les bagages idéals pour le carême.

A quel endroit ?

A l’écart, là où nous pouvons nous retrouver seul avec le Christ. « Quand tu pries, retire-toi dans la pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret » (Mt 6,6). « Ferme la porte » peut se traduire en « coupe le son » dans notre société où la télévision, internet, la radio, et le téléphone sont si bruyants… A noter qu’est bruyant ce qui nous fait sortir du silence. Du coup, lorsque l’on prie, même sur vibreur, un téléphone est bruyant puisqu’il suscite notre interrogation sur qui nous contacte alors que le seul contact à privilégier est Dieu lui-même.

Pour y voir quoi ?

La gloire du Christ transfiguré, prémices de la Résurrection. Telle est notre foi qui nous fait affirmer que le Christ est bien ressuscité, telle est notre espérance qui nous met en route vers cette gloire qui nous sera dévoilée. Nous devons absolument nourrir nos efforts de carême de cette espérance de participer à la Gloire de Dieu. La transfiguration vient vraiment montrer aux apôtres « qu’il n’y a pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire que Dieu va bientôt révéler en nous » (Rm 8,18).

Alors nous pourrons redescendre de la montagne avec un cœur rempli de grâce pour nous entraîner chaque jour à mieux vivre ce temps béni du carême.

Don Hugues Mathieu +curé </>