Il y a de quoi être surpris par le décalage dont nous fait part l’évangile du jour !
Alors que le Christ partage secrètement à ses disciples l’annonce de sa passion et de sa résurrection, ce qui est le coeur de sa mission, ceux-ci, chemin faisant, en viennent ensuite à débattre entre eux de qui se trouve le plus grand.
D’une part, la préoccupation du Christ qui sensibilise ses disciples à le suivre dans sa passion, sa mort et sa résurrection. D’autre part, leurs préoccupations mondaines, liées à leur propre personne, leur place, leur renommée, leur succès, avec des comparaisons, des jugements de valeurs … Bref, un discours finalement assez proches de certains de nos désirs, inquiétudes ou préoccupations quotidiennes : « Qu’est-ce que je vaux ? Suis-je suffisamment considéré ou reconnu ? La place qui me revient est-elle la meilleure ? …»
Quel décalage donc à l’intérieur du disciple, entre son appel à suivre le Christ dans le don de lui-même, animé par la charité, et ces désirs mondains qui se bousculent en lui !
Avec beaucoup de pédagogie et de douceur, le Christ, saisissant leurs pensées présente une voix pour résoudre l’écart. Il les fait entrer dans le sens du service : « Si quelqu’un veut être le dernier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous ». C’est peut-être le chemin à emprunter pour franchir ce décalage. De quelle manière est-ce que je me fais serviteur de mes frères ? Cette reconnaissance, ce succès que nous recherchons se découvrent tout d’abord dans la joie et la discrétion du service, à la suite du Christ. Dans les joies les plus simples du service quotidien le Seigneur saura nous faire entrer dans sa propre joie et sa propre reconnaissance : « Bon et fidèle serviteur, entre dans la joie de ton seigneur » dit le maître aux ouvriers qui ont accepté de « perdre leur denier » en le plaçant à la banque, en le faisant fructifier. Chercher Son regard et agir avec Son amour.
Que l’Esprit-Saint nous inspire des actes de charité concrets et simples au service de nos frères et soeurs, et ainsi à « perdre notre vie » pour entrer dans la joie secrète du service.
Don Charles Hastings +