La Très Sainte Trinité

Trois en un…et réciproquement !

Dans un œuf, il y a la coquille, le blanc et le jaune. Nous avons peut-être déjà entendu cette image – ou une autre du même genre – pour décrire ce qu’est la Trinité : un seul Dieu en trois personnes. Mais cette illustration ne convient pas car la coquille, comme le blanc et le jaune, prise à part, n’est pas Dieu tout entier. En réalité, aucune image n’est vraiment satisfaisante pour décrire cette inattendue égalité : trois égale un. Pour autant, ce mystère est au cœur de notre foi. Comment pouvons-nous nous laisser transformer par lui ? Certains de nos frères aînés ont su vraiment reconnaître la gloire de l’éternelle Trinité à tel point que leur manière de comprendre le monde et de vivre a changé. Voici trois belles figures de sainteté qui peuvent nous aider…

Un chartreux (XXème siècle). Dans un livre qui donne quelques principes pour introduire à la vie intérieure 1, cet homme de Dieu – qui, par discrétion, a voulu rester anonyme – nous invite à nous souvenir qu’une façon d’entrer dans ce mystère est de se rappeler d’abord que la Trinité est présente dans son immensité dans chacune de ses créatures. Cette vérité si simple, explique-t-il, pourrait, si nous y pensions davantage, donner une orientation nouvelle à notre vie. Nous nous fatiguons parfois à imaginer la Trinité et notre prière en souffre. Dieu Trinité ne peut pas être limité par un lieu. La Trinité est d’abord ce principe unique et souverain qui nous soutient dans notre existence à chaque instant. Lorsque l’on médite sur cette vérité, cela conduit à l’émerveillement et à la louange : la plus petite créature a une valeur immense puisque c’est le Tout-Puissant, et lui seul, qui, présent dans cet être infirme, le maintient hors du néant.

Saint Patrick (Vème siècle). Ce moine, envoyé par le Pape Célestin en 432 pour évangéliser l’Irlande, a su apporter la foi sur l’île. On lui attribue notamment une splendide prière, centrée sur le mystère de la Trinité, commençant par les mots : Je me lève aujourd’hui par une force puissante, l’invocation de la Trinité, la foi en la Trinité, la confession de l’unité du créateur du monde. Le titre donné à cet hymne au Dieu un et Trine, la Saint Patrick’s Breastplate (la cuirasse de Saint Patrick), nous montre bien comment la vie chrétienne, centrée sur la foi en la Trinité, est un rempart contre les assauts du mal. Un acte de foi en Dieu Trinité, souvent renouvelé dans notre prière personnelle, a une incidence évidente sur notre façon de vivre, nourrissant en nous une mentalité de vainqueur. Si Dieu Père, Fils et Esprit-Saint, habite réellement dans mon âme, je ne crains pas le combat spirituel : Ne quittez jamais le bouclier de la foi, nous dit Saint Paul (Eph 6, 16), qui vous permettra d’éteindre toutes les flèches du mauvais.

Sainte Elisabeth de la Trinité (20ème siècle). Cette jeune carmélite de Dijon, récemment canonisée par le Pape François, prend peu à peu conscience que le mystère de la Trinité est une source inépuisable de charité. Elle comprend la Trinité comme un véritable « mouvement » d’amour entre le Père et le Fils dans le souffle de l’Esprit-Saint. La contemplation d’un tel mystère qui grandit principalement par la prière personnelle et la médiation de l’Evangile, implique une façon toujours nouvelle de vivre une charité concrète : l’ouverture aux autres, l’accueil, la gratuité, le naturel, l’aisance, … si bien que de s’oublier pour faire le bonheur de l’autre devient comme une seconde nature. Sainte Elisabeth a conscience de l’excès d’amour de la Trinité pour elle. Elle ne peut que répondre à cette amour en aimant davantage : On a soif de lui rendre amour par amour.

Ces trois figures de sainteté ont goûté à l’immensité de Dieu Père, Fils et Saint-Esprit et cette expérience rejaillit d’une façon ou d’une autre dans leur existence. Ils nous apprennent que la façon la plus directe d’en faire l’expérience est de se mettre à genoux souvent, habituant ainsi notre cœur à s’ouvrir à la transcendance.

Don Antoine Storez +, vicaire

1 Un chartreux, Amour et Silence, Edition du Seuil, 1951.