«Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger?» (Jn 6)
Les auditeurs de Jésus pouvaient légitimement se poser cette question au vue du peu d’éléments de compréhension dont ils avaient à leur portée. La réponse de Jésus «Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle» n’est pas satisfaisante pour celui qui ne fait pas un réel acte de Foi vis-à-vis de Jésus. Cependant, le pain eucharistique n’est pas «corps du Christ» en vertu de notre acte de Foi, mais bien au-delà de notre foi, c’est une réalité: le pain consacré lors de l’eucharistie devient présence réelle de Jésus par son corps et son sang. L’Eglise nous l’enseigne comme un mystère à accueillir et à méditer, afin de toujours plus soigner nos communions eucharistiques et apprendre à adorer Jésus au Saint Sacrement.
Avec les 2000 ans d’histoire de l’Eglise et de théologie, nous sommes éclairés sur ce mystère, source de la vie éternelle. Le dimanche de la «Fête-Dieu» nous permet de méditer et de creuser l’origine de l’Eucharistie. Nous sommes alors renvoyés au jeudi Saint comme au vendredi Saint, lorsque Jésus offre son corps et son sang aussi bien lors du dernier repas que sur la Croix: «ceci est mon corps livré pour vous, ceci est mon sang versé pour vous». Ce qui nous donne la vie éternelle, c’est effectivement de communier au Corps du Christ, mais c’est d’abord parce que ce corps est offert pour notre rédemption, pour nous sauver, c’est le corps du Christ mort et ressuscité. C’est tout le sens de l’oraison de ce dimanche, reprise lors du Salut du Saint Sacrement: « Seigneur Jésus Christ, dans cet admirable sacrement, tu nous as laissé le mémorial de ta passion; donne-nous de vénérer d’un si grand amour le mystère de ton corps et de ton sang que nous puissions recueillir sans cesse le fruit de ta rédemption».
– Nous parlons du mémorial de la passion et non du mémorial du dernier repas. Ce qui prime est tout ce qui est contenu dans le don du Christ par la croix plus que le moyen que Dieu a voulu pour que ce sacrifice soit perpétuellement renouvelé, c’est-à-dire l’Eucharistie. La Cène n’est pas grand chose à coté de tout ce que le Christ souffre pour nous donner son corps, mais elle a tout son sens pour que ce corps nous soit donné en nourriture pour notre vie éternelle.
– Nous sommes invités à vénérer d’un grand amour le mystère du corps et du sang : nous devons apprendre à aimer l’Eucharistie, à adorer le Corps du Christ. Se tourner vers une croix nous invite à nous souvenir du sacrifice du Christ, nous tourner vers l’Eucharistie rend présent ce sacrifice et nous permet de nous accrocher à celui qui nous sauve.
– Si Jésus-Eucharistie est mis à notre portée, c’est pour en recueillir tous les fruits. Si le Christ est mort une fois pour toutes pour sauver l’humanité, c’est sans cesse que cet acte rédempteur est source de fruit. Il est source de grâces intarissables. Nous n’aurons jamais fini d’y puiser tout ce dont nous avons besoin pour nous harmoniser au Christ, pour être en pleine communion avec lui.
Que ce dimanche soit pour nous une occasion supplémentaire pour rendre grâce pour ce don total du Christ à travers l’Eucharistie.
Don Hugues, †curé