Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ

Dieu à notre portée

Depuis le Jeudi Saint, pour obéir au précepte du Seigneur (Faites ceci en mémoire de moi), la messe est célébrée partout dans le monde à tous moments, rendant réellement présent Jésus ressuscité sur nos autels. Notre Père céleste continue ainsi d’œuvrer en permanence, par son Fils, sans bruit, pour attirer à lui les cœurs et nous délivrer du mal. La seule présence du Dieu vivant a un impact sur nos âmes. La solennité du Saint-Sacrement met à l’honneur cette présence réelle par une procession publique et une messe solennelle. L’Eglise, notre mère douce et prévenante, nous aide de cette façon à réveiller notre faim de l’Eucharistie. Mais que pouvons-nous attendre du Saint-Sacrement ? Les réponses sont variées car les richesses de Dieu sont insondables. Imaginons pourtant quelques paroles que Jésus peut nous adresser depuis l’autel…

Viens à moi, toi qui peines sous le poids du fardeau, et je te soulagerai. Le Christ s’expose à nous, sans barrage, dans l’hostie consacrée. Il nous appelle à nous exposer de la même façon, dans la vérité et sans crainte, pour nous sauver. Si le Saint-Sacrement n’était présent qu’en un seul lieu, le monde entier se précipiterait pour vivre ce moment d’intimité et de vérité avec le Seigneur Jésus, patient et miséricordieux. Mais il y a plusieurs prêtres et le Christ est présent en plusieurs lieux afin que cette miséricorde éclate plus immédiatement et plus largement. Le Saint-Sacrement est présent dans nos paroisses dans ce but : permettre à tous de rencontrer le Ressuscité et renaître à une vie nouvelle.

C’est l’expérience de l’académicien et ami de Jean-Paul II, André Frossard, que rien au départ ne prédisposait à se convertir au christianisme en 1935. Dans un ouvrage qu’il adresse aux croyants inquiets et sceptiques qui s’interrogent il décrit cette rencontre avec le Ressuscité alors qu’il entrait par hasard dans le couvent des religieuses de l’Adoration à Paris : L’irruption déferlante [de cette lumière spirituelle], plénière, s’accompagne d’une joie qui n’est autre que l’exultation du sauvé, la joie du naufragé recueilli à temps avec cette différence toutefois que c’est au moment où je suis hissé vers le salut que je prends conscience de la boue dans laquelle j’étais sans le savoir englouti, et je me demande, me voyant par elle encore saisi à mi-corps, comment j’ai pu y vivre, et y respirer (…) Je n’ai pas foi en Dieu : je l’ai rencontré. Toute la vérité se trouve dans l’Église catholique. La vérité c’est quelqu’un, c’est Jésus-Christ.

Prends et mange, ceci est mon corps livré pour toi. Si tu manges ma chair et bois mon sang, je demeure en toi et toi en moi. L’amour du Christ va plus loin encore… Il ne suffit pas à Jésus de nous faire renaître à une vie nouvelle. Il veut encore que cette vie demeure, au-delà des difficultés de la vie présente. En plus d’une rencontre personnelle, Jésus souhaite l’union permanente. Il se livre à nous en vue de cette union. Nous y tendons et nous la renouvelons à chaque communion eucharistique. Partout où la communion est reçue dans la foi, dans chaque église où la messe est célébrée, dans les chambres des EHPAD ou à domicile pour les personnes âgées et malades, dans les lieux cachés de l’Eglise clandestine, l’union à Dieu se réalise vraiment. Tous nos désirs sont l’expression de ce désir plus fondamental : être uni à Dieu. Que peut-on souhaiter de plus ? Chaque communion et chaque acte de recueillement dans nos journées permet de vivre cette union un peu plus profondément.

Tant que tu peux, tu dois oser, car il dépasse tes louanges, tu ne peux trop le louer ! Qu’ils sont vrais ces mots de la séquence de ce dimanche…Que cette solennité du Corps et du Sang du Seigneur fasse éclater notre action de grâce devant une telle marque d’amour ! Louons-le à voix pleine et forte, que soit joyeuse et rayonnante l’allégresse de nos cœurs !

Don Antoine Storez, + vicaire

[1] André FROSSARD, Dieu en question, 1990.