Rameaux

« Voici ton roi qui vient vers toi, plein de douceur, monté sur une ânesse et un petit âne, le petit d’une bête de somme. »

C’est avec cette citation du prophète Zacharie que l’évangéliste nous montre que Jésus accomplit les Écritures en entrant à Jérusalem. Ce choix d’une ânesse comme monture est ainsi montré comme le fruit de la douceur et de la pauvreté du Christ. Il n’entre pas en général victorieux, sur une monture de guerre, mais sur un âne, de manière humble. Jésus n’entre pas dans nos vies en forçant le passage : il se présente comme celui qui frappe à la porte (Ap 3, 20) et attend que nous lui ouvrions. Il entre certes sous les acclamations, mais il sait au-devant de quoi il va : sa passion et sa mort sur la croix.

Pourtant, on peut remarquer que Matthieu, dans son évangile, nous cite le prophète Zacharie dans une autre version que celle qui nous a été transmise. Si vous ouvrez une Bible de Jérusalem ou la traduction officielle pour la liturgie, vous vous rendrez compte que le roi annoncé est certes « pauvre », mais aussi « juste et victorieux » … Et son entrée se fait dans un contexte de triomphe glorieux après une victoire sur les adversaires. Et c’est bien ce que Jésus vit : il entre pour une victoire sur Satan, le péché et la mort ! Il reçoit les acclamations de la foule parce qu’il s’engage effectivement dans une lutte à mort, jusqu’au sang (Hb 12, 4), contre le mal. Et d’ores et déjà, il est victorieux… Nous le savons, il est bien le roi des siècles par sa victoire, mais son trône, c’est la croix ; sa couronne est d’épines ; et son Royaume n’est pas de ce monde (Jn 18, 36).

Nous pouvons tirer de tout cela deux enseignements pour vivre notre Semaine Sainte : il nous faut suivre le Christ sur le chemin qu’il a choisi, la victoire par l’humilité, le triomphe par la mort de la croix, et non à la manière humaine. Nos liturgies ne doivent pas nous remplir de vaine fierté, mais des sentiments qui habitent le cœur de Jésus : douceur, compassion, humilité, prière, intercession, pardon, adoration… Par ailleurs, il ne nous faut pas vivre ces jours saints « en faisant comme si » nous ne savions pas la fin de l’histoire : la Résurrection ! Si nous pouvons suivre le Christ, c’est parce que nous savons que la croix ne trouve son sens que dans la victoire de la vie. Nous pouvons regarder en face son abaissement extrême parce que nous savons qu’il sort victorieux du tombeau. C’est la même chose pour toutes nos croix : ayons le courage d’entrer dans nos épreuves avec la certitude de foi que le Père nous y attend pour nous faire sortir vainqueurs par la Résurrection.

Don François Doussau + prêtre