Édito du 31e dimanche du temps ordinaire

31to« Aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison. » (Lc 19)

En cette année de la Miséricorde, nous pouvons insister sur toutes les rencontres transformantes de Jésus avec ses contemporains et que l’Évangile nous rapporte. C’est le cas de ce récit de Zachée qui va changer sa vie suite à ce regard de Jésus posé sur lui. Le Pape Jean-Paul II dit même : « Il me semble en effet que ce qui se passe entre Jésus et le «chef des publicains» de Jéricho ressemble,

sous divers aspects, à une célébration du sacrement de la miséricorde » (Lettre aux prêtres 2002). A travers ce court récit, il y a plusieurs étapes que nous retrouvons dans le sacrement de la confession :

La préparation : elle est légère chez Zachée, il ne recherche même pas cette conversion, il veut simplement voir. Sa curiosité va le conduire non seulement à voir, mais à être vu. Il est peut-être l’image de notre approche quelques fois légère des sacrements. Nous voulons « voir » Dieu, mais nous ne prenons pas toujours suffisamment en considération les engagements qui en découlent.

La rencontre : Pour Zachée, elle pourrait avoir l’apparence du hasard, mais rien n’est dû au hasard de la part de Dieu. Dépassant le rencontre physique, soyons sensibles à la pénétration du regard du Christ dans l’âme de Zachée, et au fait que Zachée se laisse faire ! Elle est là cette rencontre, non seulement quand Jésus pose son regard sur chacun d’entre nous, mais plus encore quand nous laissons ce regard pénétrer notre âme pour nous familiariser avec celui à qui nous allons pouvoir  présenter nos fautes avec confiance.

L’aveu : On peut penser que la miséricorde a précédé Zachée pour lui permettre d’avouer la légèreté de sa vie. Jésus, porteur des commandements et notamment de celui de l’amour de Dieu et du prochain, va permettre à Zachée de redécouvrir son prochain à travers l’amour qu’il reçoit de Jésus, avec joie. « D’une attitude de fermeture, qui l’avait porté à s’enrichir sans prendre en compte les souffrances d’autrui, il passe à une attitude de partage, qui s’exprime dans un vrai et réel «partage» de son patrimoine, de la «moitié de ses biens» aux pauvres. L’injustice perpétrée au détriment de ses frères par escroquerie est réparée par une restitution au quadruple: «Si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus» (Lc 19,8) » (Jean-Paul II).

Le pardon : « Aujourd’hui le salut est arrivé pour cette maison » (Lc 19,9). Jésus purifie le cœur de Zachée en présentant ce pourquoi Jésus est venu dans le monde : il vient nous sauver parce qu’il nous aime.

La pénitence et la résolution : Confondu chez Zachée avec l’aveu, ce dernier désire un changement radical de sa vie. Va-t-il tenir dans le temps ? Peu importe pour l’instant, son désir ne peut qu’entrainer l’aide de Dieu pour qu’il persévère chaque jour. N’est-ce pas ce que nous souhaitons pour nous-mêmes ? Si nous partons perdants, sans confiance ni en nous, ni en la grâce de Dieu, nous ne pourrons progresser. Zachée prend une résolution qui va peut-être le ruiner, mais puisque « le salut est arrivé pour sa maison », il sait qu’il s’est enrichi de l’essentiel.

Alors que nous allons fêter tous les Saints du Ciel, que Zachée nous aide à prendre conscience que chaque baptisé ne reçoit le Salut qu’à travers cette rencontre avec Jésus, une rencontre aimante et miséricordieuse qui nous invite à nous convertir un peu plus chaque jour.

Don Hugues, † curé