Edito du 27ème dimanche du Temps Ordinaire

Mobilisation générale

Avez-vous suivi l’eurovision 2017 ? Tandis que la malheureuse candidate française chantait son désespoir sur le temps qui passe : Des amours meurent, des amours naissent, les siècles passent et disparaissent. Un jour lassé de cette errance, tu t’en iras quelle importance ?, le candidat vainqueur du Portugal chantait le temps d’une brûlante attente que lui revienne sa bien-aimée… Et si elle hésitait, doutant de sa capacité à s’ouvrir de nouveau à l’amour, lui s’offrirait pour aimer davantage, par une délicate compensation : Si ton cœur ne veut pas céder, ne ressent pas l’amour, ne veut pas souffrir, mon cœur peut aimer pour tous les deux.

« Aimer pour deux ». Ne serait-ce pas justement la mission que la Vierge a confié aux enfants de Fatima, 100 ans précisément avant cette 1ère victoire du Portugal à l’Eurovision – un clin d’œil pour ce peuple qu’elle aime ? En effet, la Vierge y appelle à aimer Dieu doublement, pour tous ceux qui ne le peuvent pas, qui ne le font pas. Elle donne aux enfants cette prière de « réparation » : Mon Dieu, je crois, j’espère, j’adore et je vous aime, et je vous prie pour tous ceux qui ne croient pas, n’espèrent pas, qui n’adorent pas et qui ne vous aiment pas. Compenser par notre amour celui qui manque dans le monde, voilà notre mission ! Mais comment ?

L’évangile de ce dimanche nous enseigne que le temps est un cadeau que Dieu nous fait, une occasion (à ne pas perdre !) que nous avons de travailler à son Royaume, de produire les doux fruits de la charité, d’accueillir son Fils, son héritier, capable non seulement d’aimer pour deux, mais de compenser l’amour qui manque à mille, à 7 milliards ? Réponde à l’amour de Dieu et le laisser vivre sa vie en nous, à chaque instant.

Aujourd’hui la Vierge Marie nous répète à tous la question qu’elle a posée, il y a cent ans, aux pastoureaux, disait le Pape François, en pèlerinage au même moment : «Voulez-vous vous offrir à Dieu ? » Cela signifie ne plus perdre de temps, mais au contraire l’utiliser pour les besoins de Jésus, par la supplication, l’apostolat, les actes d’amour quotidiens, afin qu’il conduise au ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de sa miséricordieuse bonté, selon la prière enseignée par la Vierge aux enfants de Fatima.

Trop de personnes, au soir de leur vie, meurent le cœur chargé de regrets d’avoir perdu ce temps précieux. Pouvons-nous y remédier ? Sur chacun des déshérités et des malheureux à qui a été volé le temps présent, sur chacune des personnes exclues et abandonnées à qui est nié l’avenir, sur chacun des orphelins et des victimes de l’injustice à qui il n’est pas permis d’avoir un passé, que descende la bénédiction de Dieu incarnée en Jésus Christ, implorait le Pape. Et c’est par nous que cette bénédiction peut descendre sur notre temps.

Dieu nous a créés comme une espérance pour les autres, une espérance réelle et réalisable selon l’état de vie de chacun. Le ciel à Fatima en 1917 déclenchait une vraie mobilisation générale contre cette indifférence qui nous gèle le cœur et aggrave notre myopie. Nous ne voulons pas être une espérance avortée ! Sous la protection de Marie, nous sommes, dans le monde, des sentinelles du matin qui savent contempler le vrai visage de Jésus Sauveur, celui qui brille à Pâques, et redécouvrir le visage jeune et beau de l’Eglise, qui resplendit quand elle est missionnaire, accueillante, libre, fidèle, pauvre en moyens et riche d’amour.

Alors en ce 13 octobre, où l’Eglise fait mémoire de la dernière apparition de Notre-Dame à Fatima, mais dès ce dimanche et chaque jour, pour nous, c’est mobilisation générale : utilisons chaque minute que Dieu nous donne pour travailler à sa vigne !

Don Guillaume Chevallier, vicaire