« Le royaume des Cieux est à eux » (Mt 5)
La messe de la Toussaint nous invite à méditer l’évangile des « Béatitudes ». Cette ouverture du sermon sur la montagne par Jésus peut être vu comme un texte prophétique dans la mesure où il révèle une promesse : « Heureux les pauvres de cœurs, car le royaume des Cieux est à eux ». Deux mille ans plus tard, cette promesse se révèle-t-elle ? Y a-t-il des pauvres de cœur à qui le royaume des Cieux appartient ?
Tous les Saints du ciel sont les pauvres de cœur, les miséricordieux, les assoiffés de justice, les artisans de paix. C’est à eux que le royaume des Cieux est confié dans une contemplation permanente de Dieu lui-même. Ils sont ceux pour qui le royaume des Cieux a été préparé, dès avant la création, afin de le recevoir en héritage (Mt 25). Mais avant cela, les Saints ont été des hommes et des femmes à l’écoute des Béatitudes. Ils ont accueilli l’Evangile pour en faire leur livre de vie, donnant un sens aux combats à tenir, possible que par un amour croissant de Dieu et du prochain. Pour que nous recevions, nous aussi, le royaume des Cieux en héritage, il nous suffit de faire comme eux.
Imiter les Saints, est-ce une bonne chose ?
Chacune des figures de sainteté qui l’Eglise nous donne de prier, a vécu à une époque, dans une famille, dans une culture qui lui était propre. Il y a un conditionnement historique et culturel qui fait que nous ne sommes pas dans les mêmes situations que tel ou tel Saint. L’imitation des Saints est alors dangereuse voir décourageante parce que le point de départ est différent, la progression ne peut être que minime. Par contre, les Saints font preuve de vertu. Ce n’est pas eux qu’il faut imiter, mais leurs vertus, leurs dispositions à avancer vers le bonheur promis par Dieu. Dans sont autobiographie, saint Ignace de Loyola (1491-1556) nous livre son cheminement par l’interrogation que les Saints suscitent en lui : « Faute de romans de chevalerie, on apporta à Ignace une Vie du Christ et un livre sur la vie des saints en espagnol. Il y faisait de fréquentes lectures et éprouvait un certain attrait pour ce qu’on y racontait.
Notre Seigneur cependant venait à son secours et, à ces pensées, en faisait succéder d’autres, nées de ses lectures. En effet, en lisant la vie de Notre Seigneur et des saints, il se prenait à penser et à se dire en lui-même : « Et si je faisais ce que fit saint François et ce que fit saint Dominique ? » Il songeait aussi à bien des choses qui lui paraissaient bonnes, et il envisageait toujours des entreprises difficiles et pénibles. À se les proposer, il avait le sentiment qu’il lui serait facile de les réaliser. Toutes ces réflexions revenaient à se dire : ‘Saint Dominique a fait ceci, donc je dois le faire ; saint François a fait cela, donc je dois le faire’ ». Il en résulte que saint Ignace a forgé sa propre vie de sainteté, grâce à la lecture des vies de Saints, sans devenir pour autant un nouveau saint François ou un nouveau saint Dominique.
Avoir des amis au ciel
Il faut découvrir les Saints du ciel afin d’en faire ses amis. Il est nécessaire de les connaître pour les imiter dans les situations qui se rapprochent des nôtres. Il faut aussi se faire connaître d’eux pour qu’ils intercèdent auprès de Dieu pour nous aider sur la voie de la sainteté.
Don Hugues Mathieu, †curé