« Beaucoup demandent : qui nous fera voir le bonheur? » (Ps 4, 7)
A cette question du psalmiste, le Christ répond par l’évangile de ce dimanche, l’évangile des Béatitudes: Jésus révèle le chemin du vrai bonheur, il se révèle lui-même comme le chemin du vrai bonheur. Une lecture trop rapide des Béatitudes conduirait à penser que pour être chrétien, il faudrait forcément être pauvre, pleurer, être persécuté ou insulté pour être heureux. Est-ce que cela veut dire que la souffrance est l’idéal du chrétien? Il faut remettre cet évangile des Béatitudes dans son contexte : avant de prononcer ces paroles, Jésus a déjà accompli des actes illustrant les Béatitudes. Il a guéri « toute maladie et toute infirmité dans le peuple », « tous ceux qui souffraient, atteints de maladies et de tourments de toutes sortes : possédés, épileptiques, paralysés »(Mt 4, 23-24), et il va recommencer après être redescendu de la montagne. La prédication du Christ sur la montagne est donc l’annonce d’une guérison, l’annonce du salut opéré par le Christ, le Messie.
Sans le Christ et sans sa présence salvifique, les Béatitudes seraient incompréhensibles : qui pourrait aller trouver quelqu’un qui souffre en lui déclarant qu’il est heureux, sinon en lui révélant que le Christ a souffert avec lui, a souffert pour lui? On ne souffre pas moins, mais on est heureux d’être rejoint dans l’épreuve par celui qui nous aime. Le pape Benoit XVI disait : « Les Béatitudes sont la transposition de la croix et de la résurrection dans l’existence des disciples. Elles reflètent la vie du Fils de Dieu qui se laisse persécuter, mépriser jusqu’à la condamnation à mort, afin que le salut soit donné aux hommes ». On ne peut comprendre le discours sur la montagne, et particulièrement les Béatitudes, qu’à la suite de Jésus, qu’en choisissant de marcher avec lui, qu’en se laissant guérir, consoler, aimer par lui.
En s’adressant aux jeunes en 2015 pour la Journée Mondiale de la Jeunesse, le pape François déclarait : « En proclamant les Béatitudes Jésus nous invite à le suivre, à parcourir avec lui la voie de l’amour, la seule qui conduise à la vie éternelle. Ce n’est pas une route facile, mais le Seigneur nous assure de sa grâce et il ne nous laisse jamais seuls. La pauvreté, les afflictions, les humiliations, les luttes pour la justice, les fatigues de la conversion quotidienne, les combats pour vivre l’appel à la sainteté, les persécutions et bien d’autres défis sont présents dans notre vie. Mais si nous ouvrons la porte au Christ, si nous le laissons entrer dans notre histoire, si nous partageons avec lui nos joies et nos souffrances, nous ferons l’expérience d’une paix et d’une joie que seul Dieu, amour infini, peut nous donner. »
Dans les moments de doute, de découragement, sachons nous mettre aux pieds du Seigneur, à la manière des disciples au mont des Béatitudes; laissons le Christ nous révéler par sa parole et son exemple le chemin du vrai bonheur, le chemin des Béatitudes.
Don Nicolas, † vicaire