« Recherchez avec ardeur les dons les plus grands » (1 Co 13,4)
Lorsque Jésus lit la prophétie d’Isaïe à la synagogue de Nazareth, « tous ont les yeux fixés sur lui et s’étonnent des paroles de grâce qui sortent de sa bouche ». Pourtant l’ambiance va bien vite changer jusqu’à vouloir précipiter Jésus dans le vide. Les auditeurs de Jésus sont capables de transformer leur admiration de Jésus en rejet total. Que sont devenues les paroles de grâce qui sortaient de la bouche de Jésus ?
Reçues par les oreilles mais non par le cœur : Avant de s’insurger contre l’entourage de Jésus, faisons un petit exercice personnel. Régulièrement, nous écoutons la parole de Dieu, à la messe en particulier. Peut-être aussi écoutons-nous les homélies. Au delà des distractions et des manques de concentration possibles, nous pouvons ressentir de la joie, de la satisfaction, de l’admiration, de la consolation… à l’écoute de ces paroles. Pourtant, si nos oreilles ont bien entendu, il n’y a pas de grande révolution dans notre vie dans les heures ou les jours qui suivent. Nous souvenons-nous seulement de ce que nous avons entendu ? Non, pas toujours. Notre cœur n’a pas enregistré les choses au point d’opérer un véritable changement en appliquant les conseils évangéliques. Nous pouvions être dans l’admiration à l’écoute de la parole, mais qui bien vite tombe dans le vide de l’oubli. « Quand ils entendent la Parole, ils la reçoivent aussitôt avec joie ; mais ils n’ont pas en eux de racines, ce sont les gens d’un moment » (Mc 4). On peut se rassurer quand même en se disant que Dieu est capable de toucher notre cœur par sa grâce malgré l’imperfection de notre écoute.
« Je vais vous indiquer le chemin par excellence » (1 Co 13,4) : « J’aurais beau avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu, j’aurais beau avoir toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien ». Il ne suffit pas d’écouter, pas même de comprendre parfaitement. La Parole de Dieu a d’abord besoin d’être reçue dans un cœur aimant. Lorsque l’on aime quelqu’un, on l’écoute plus facilement, on est plus attentif. Aimer Jésus nous permet d’accueillir sa parole, même lorsqu’elle nous paraît difficile à comprendre. La charité est première, elle est le chemin par excellence pour ne jamais rejeter le Christ. Il ne faut pourtant pas tomber dans cet excès où la bonne conscience d’être charitable nous dispenserait de vivre les autres conseils évangéliques. « S’il me manque l’amour, je ne suis rien », mais si j’ai l’amour, je suis capable de grandes choses, de me mettre sur le chemin que le Christ me propose. « Il y a ceux qui ont reçu la semence dans la bonne terre : ceux-là entendent la Parole, ils l’accueillent, et ils portent du fruit » (Mc 4).
« Je fais de toi aujourd’hui une ville fortifiée, une colonne de fer, un rempart de bronze » (Jr 1) : Le chemin du Christ est exigeant et demande une grande persévérance. C’est le Christ lui-même qui nous rendra solides. Se mettre à son école, lui qui est doux et humble de cœur, c’est laisser son amour nous envahir. C’est lui qui nous fortifie face aux multiples tentations de nos vies, face à tout ce qui nous détourne du Christ, face à la tentation de l’éloigner de nous. Avoir un cœur aimant pour accueillir la parole, telle la bonne terre qui accueille la semence pour porter du fruit, ce n’est pas une question de qualité de notre personnalité, mais vraiment d’accueil de la charité de Dieu, lui qui est source de tout amour, lui qui est charité. Ce qui fait de nous une bonne terre, c’est la charité de Dieu, non pas comme un engrais que l’on ajoute, mais comme constituant cette bonne terre. C’est la grâce à demander.
Don Hugues Mathieu + curé