« Venez, montons à la montagne du Seigneur » (Is 2,3)
A l’heure où nos paroisses, à l’appel du Saint-Père, cherchent à sortir de leur confort pour annoncer l’Evangile à tous – c’est le sens de nos « samedis missionnaires » dans les villages – l’évangile de ce dimanche nous dresse le portrait d’un missionnaire de très haut niveau. Le Pape François le rappelait dans La joie de l’Evangile : Jésus est « le tout premier et le plus grand évangélisateur. » (EG 12). Sans faire du prosélytisme pour gagner par la force de nouveaux adeptes, Jésus déploie cependant tout son zèle missionnaire pour toucher le cœur d’une Samaritaine en suscitant…
Il suscite d’abord la relation. Rien ne sembler prédisposer Jésus à rencontrer cette femme. Il est midi, l’heure la plus chaude du jour. C’est le moment où il fait bon de se reposer à l’ombre d’un figuier pendant que les disciples sont partis à la ville pour acheter de quoi manger. De plus, cette femme est une Samaritaine, un peuple que les Juifs ne fréquentent pas en raison de ses divergences religieuses. Jésus va au-devant de ces obstacles pour un but précis… rencontrer cette femme.
Jésus suscite ensuite le service. Capable de multiplier des pains et des poissons pour cinq mille hommes (Mt 14, 13-21), il est sans doute à même aussi de faire jaillir une source de la terre pour y boire… Mais le Fils de l’homme préfère aujourd’hui se montrer dépendant de la femme qu’il rencontre : Donne-moi à boire. Il sait qu’il ne doit pas se positionner en sermonnaire, mais en pauvre, faible et dépendant.
Puis, Jésus suscite une vraie conversation. Il aurait pu se contenter d’un peu d’eau et repartir à l’ombre du figuier…Mais non. Il parle rapidement de ce qui touche le cœur – Dieu – puis avec une grande délicatesse, suscite une saine curiosité en faisant allusion à une eau vive mystérieuse. La Samaritaine n’attend pas pour l’interroger. La voici engagée dans ce dialogue avec le Christ qui va la conduire très loin…
Jésus continue en suscitant le désir des choses qui ne passent pas – la vie éternelle – et la vérité dans la relation. C’est là, au moment où la Samaritaine ouvre son cœur, que le basculement se produit et que ses yeux commencent vraiment à s’ouvrir. Cet homme qui lui parle connaît son âme : Seigneur, je vois que tu es un prophète ! Notre Samaritaine est touchée au cœur…
Jésus poursuit… les progrès spirituels de la Samaritaine sont surprenants de rapidité. Jésus suscite la relation au Père – c’est pour cette raison qu’il est envoyé (Jn 17, 26) – et conforte dans la foi : Je le suis [le Messie], moi qui te parle. Enfin, il suscite le témoignage faisant de notre Samaritaine un disciple missionnaire, qui avec son style propre, participera à l’extension du Royaume : Beaucoup de Samaritains crurent en Jésus à cause de la parole de cette femme.
Quel bel exemple de missionnaire nous donne Jésus-Christ, stimulant notre zèle pour la maison de Dieu ! Avec la même audace, comptant sur la grâce, ne craignons pas de susciter à notre tour d’autres cœurs… Et si, cette semaine, j’osais…me souvenant que c’est Jésus, « le tout premier et le plus grand des évangélisateur » qui œuvre avec moi ?
Don Antoine Storez +vicaire