Tout ce qu’il vous dira, faites-le.
La présence silencieuse de la Vierge dans l’Eglise s’est prolongée, au-delà du temps de la vie terrestre de Jésus, à l’époque de la Pentecôte. « Durant un temps dont la durée précise nous échappe, la Mère de Jésus existe et vit dans l’Eglise, sans qu’il soit explicitement question d’elle. Sa prière et son intercession demeurent cachées. Marie ne semble pas savoir la portée de son influence, et on ne la sait pas autour d’elle ».¹ Aujourd’hui vivante au Ciel, déjà en possession de l’héritage promis, jubilant de la joie de la résurrection et adorant la Trinité à découvert, Marie continue d’attirer en silence les hommes dans le sillage de cette relation à Dieu qui seule sauve et rend heureux.
A quel point Marie est présente dans la vie de l’Eglise et dans l’existence de chacun de nous, nous ne pouvons qu’à peine l’entrevoir. Partout où s’étend l’action de son Fils, partout elle se tient, dans une compassion et une supplication constantes, espérant contre toute espérance. Partout elle coopère à la grâce, autant que la Trinité sainte lui donne de le faire. Ce n’est pas une donnée de l’imagination, mais une réalité de la foi, dont Saint Jean témoigne déjà dans son Evangile. En effet, l’épisode de Cana n’est pas une anecdote: c’est un programme. Marie prie pour nous, c’est un fait. Mais plus encore, Marie veut nous former à la prière. Et davantage: elle veut nous communiquer les qualités et les orientations de sa propre prière au Christ et dans le Christ.
Comment Marie prie-t-elle? Sans excès de parole, sans insistance. Mais elle prévient les serviteurs qu’ils vont avoir du travail: Tout ce qu’il vous dira, faites-le. C’est le conseil, le seul, que donne la Vierge Mère de Dieu dans tout l’Evangile. Son secret, toute sa force, toute son espérance se manifestent dans le dialogue du mariage à Cana. Paroles de feu que notre Mère nous adresse aujourd’hui. Elles sont l’âme de la prière véritable, qui n’est ni devoir ni habitude, mais humilité, fidélité au Christ, recherche active de la volonté de Dieu, ouverture sans conditions.
Don Guillaume Chevallier + vicaire
¹ René Laurentin, Court traité sur la Vierge Marie, 1967.