25ème dimanche du Temps Ordinaire

« Ils avaient peur de l’interroger » (Mc 9)

Jésus devait être impressionnant, lui à qui on demandait d’où lui venait son autorité. Il devait avoir une place pleine de justesse au milieu des hommes, un véritable équilibre qui lui permettait de ne pas s’imposer aux autres tout en étant très présent. Pour ses disciples, il est le maître parfait, celui qui a la bonne réponse à toutes les questions, celui qui est irréprochable, mais aussi celui qui intimide. Du coup, « ils avaient peur de l’interroger ». Mais qu’est-ce qui intimide ? L’autre, ou bien ce que nous sommes par rapport à l’autre ? Les disciples vivent leur quotidien, avec des questions profondes mais aussi avec des interrogations plus légères tel que de savoir qui est le plus grand. Jésus n’a pas fait d’eux des grands mystiques du jour au lendemain. Cela ne les place pas sur le même plan que Jésus et provoque donc une gêne par rapport à lui. Ils doivent construire la véritable relation avec leur maître pour passer de la timidité, ou même de la peur, à la crainte filiale. Jésus prend un enfant comme exemple : un enfant peut être dans une attitude de timidité par rapport à l’adulte qu’il ne connaît pas, mais il est plutôt dans le crainte face à son père.

On en vient alors à bien comprendre ce qu’est la crainte de Dieu. Le Pape François nous dit : « Le don de la crainte de Dieu conclut la série des sept dons de l’Esprit Saint. Cela ne signifie pas avoir peur de Dieu : nous savons bien que Dieu est Père, et qu’il nous aime et veut notre salut, et qu’il pardonne, toujours ; c’est pourquoi il n’y a aucune raison d’avoir peur de Lui ! La crainte de Dieu, au contraire, est le don de l’Esprit qui nous rappelle combien nous sommes petits face à Dieu et à son amour et que notre bien réside dans l’abandon, avec humilité, avec respect et confiance, entre ses mains. Telle est la crainte de Dieu : l’abandon dans la bonté de notre Père qui nous aime tant » (audience du 11 juin 2014).

Si Jésus prend ce petit enfant en exemple, c’est pour nous apprendre à être dans une attitude de petitesse, une attitude qui consiste à placer nos préoccupations et nos attentes en Dieu, et à nous sentir entouré et soutenu par sa chaleur et sa protection, précisément comme un enfant avec son papa. « Dans ce sens, alors, nous comprenons bien que la crainte de Dieu prend en nous la forme de la docilité, de la reconnaissance et de la louange, en emplissant notre cœur d’espérance. En effet, tant de fois, nous ne réussissons pas à saisir le dessein de Dieu, et nous nous apercevons que nous ne sommes pas capables de garantir pour nous-mêmes le bonheur et la vie éternelle. C’est précisément dans l’expérience de nos limites et de notre pauvreté, toutefois, que l’Esprit nous réconforte et nous fait percevoir que la seule chose importante est de nous laisser conduire par Jésus entre les bras de son Père » ajoute le Saint Père.

Etre envahi par la crainte de Dieu, c’est se laisser porter pour suivre le Seigneur avec l’émerveillement et la joie d’un fils qui se reconnaît servi et aimé par le Père. C’est pourquoi la crainte de Dieu ne fait pas de nous des chrétiens timides mais courageux, non pas soumis au Seigneur par peur, mais parce qu’ils sont émus et conquis par son amour.

Laissons-nous conduire par le Christ, laissons-nous instruire non pas de manière passive, mais en allant au devant de ce qu’il a à nous donner pour vivre chaque jour de notre vie avec humilité, obéissance et docilité.

Don Hugues Mathieu + curé