24e dimanche du Temps Ordinaire

Caritas Christi urget nos !

Le nom de Dieu est miséricorde explique le Pape François pour dire au monde à quel point cette notion de miséricorde « colle » avec l’identité même de Dieu. Nous y sommes peut-être trop habitués, au point de ne plus nous en émerveiller et de considérer la miséricorde comme une dévotion de plus à offrir à la piété populaire. Elle est pourtant la folie même de l’amour de Dieu capable de transformer réellement une vie humaine. Quelques traits de cette miséricorde surgissent des textes de ce dimanche et nous aident à pénétrer plus en profondeur ce mystère d’amour.

La grâce de notre Seigneur a été encore plus abondante[1]. Conscient de notre faiblesse, Dieu exerce d’abord sa miséricorde en compensant par sa grâce ce qui nous manque à cause de notre péché. Pour le dire autrement, il comble le trou pour aplanir le terrain et nous remettre à niveau. Il faut parfois un peu de recul pour s’en rendre compte. Comme le fait St Paul dans l’épître à Timothée, une relecture de notre vie à la lumière du Christ nous rend conscients des dangers évités et de l’efficacité de la grâce de Dieu qui a « rattrapé » nos égarements, quelque fois sur plusieurs années.  Le péché nous a aveuglé, mais la grâce de Dieu, elle, nous a porté et n’a pas été vaine. Nous pouvons aussi y penser dans les difficultés présentes, en demandant au Seigneur « que ta grâce surabondante vienne à mon aide ! »

Apportez le plus beau vêtement pour l’habiller, mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds…tuez le veau gras[2]. La miséricorde va plus loin qu’un simple aplanissement de terrain. La parabole connue du fils prodigue l’illustre bien. Ce fils cadet après avoir mené une vie de désordre, décide de revenir vers son père. Celui-ci le devance dans sa démarche et, en plus de le réintégrer dans le cercle familial, lui fait des cadeaux réservés, dans la mentalité juive, aux plus grands dignitaires…à en rendre jaloux son frère qui se rend compte de la disproportion.  C’est l’expérience très concrète de l’adulte fraîchement baptisé qui se réjouit de son nouvel état tout en s’interrogeant comment lui, pécheur depuis son enfance, peut être ainsi « revêtu » du Christ ; ou celle du prêtre conscient de ses pauvretés qui revêt sur lui les vêtements sacerdotaux avant de célébrer la messe. Ce décalage entre la réalité de ce que je suis en profondeur et la richesse des dons reçus de Dieu correspond à ce que le Pape François appelle l’état de honteuse dignité.

Mais s’il m’a été fait miséricorde, c’est afin qu’en moi le premier le Christ Jésus montre toute sa patience[3]. La miséricorde de Dieu et contagieuse impulse d’elle-même le désir missionnaire. C’est la logique évangélique : Soyez miséricordieux comme votre père est miséricordieux (Lc 6, 36). Chaque brebis qui se laisse trouver par le bon pasteur et qui fait ainsi personnellement l’expérience de sa bonté, devient la meilleure ambassadrice pour les autres brebis perdues. Or, les proportions sont inversées dans notre pays, par rapport à la parabole : une brebis est encore près de son maître, 99 sont perdues !  Cette mission est urgente aujourd’hui où les chrétiens sont devenus minoritaires.

Poussés par la charité du Christ elle-même à notre égard, soyons donc ces missionnaires dont le monde a tant besoin !

Don Antoine STOREZ, + vicaire

[1] 1 Tm 1, 14 (1ère lecture)
[2] Lc 15, 22.23 (Evangile)
[3] 1 Tm 1, 16 (1ère lecture)