23ème dimanche du Temps Ordinaire

Chers paroissiens,
En guise d’édito, voici un texte rédigé par des frères de la Communauté Saint Martin pour la rentrée de la paroisse d’Evron
en Mayenne. Il nous donne des éléments de réflexion et des repères qui seront précieux pour nous aider à nous comporter en
chrétiens facteurs d’unité et de charité. Et c’est bien sûr utilisable dans le contexte actuel mais aussi dans bien d’autres.
Bonne rentrée !
Don René-François, curé

La rentrée à quelles conditions ?
Après un été bizarre, où les températures n’ont pas été au rendezvous, où la pluie a été parfois trop abondante pour nos potagers et nos randonnées, nous voici à l’heure de la rentrée scolaire. Nous allons reprendre nos habitudes, à quelques exceptions près : nous ne savons pas dans quelle mesure et pour combien de temps le pass sanitaire sera exigé pour tant et tant d’activités que nous faisions ordinairement et qui deviennent conditionnées.

Pour certains ces conditions sont une atteinte à la liberté, pour d’autres, il s’agit d’une exigence légitime pour éviter un nouveau confinement, qui pèserait encore lourd sur les finances de notre pays… les passions s’échauffent, et les discussions deviennent conflictuelles.

A nous chrétiens, il revient de favoriser l’unité et l’écoute entre les personnes qui ne sont pas du même avis. Et pour cela, il nous faut apprendre à écouter, à questionner et à argumenter.

Pour écouter, il faut bannir les réactions viscérales, et l’envie irrépressible que nous sentons parfois d’interrompre celui qui parle. Peut-il finir ce qu’il a commencé, aller au bout de son exposé ? Savons-nous déjà ce qu’il va dire, et lui clouons-nous le bec très vite ? Respecter le temps de parole de l’autre, c’est déjà un témoignage de charité : tu as le droit d’exister, tu as reçu comme moi la vie de Dieu qui a livré son Fils pour toi comme pour moi.
De quel droit te ferais-je taire ?

Pour questionner, il faut garder l’altérité par rapport à celui que nous écoutons : d’ailleurs si nous adhérons trop vite à ce qu’il dit, nous ne pouvons pas l’aider à progresser dans ses convictions. Au contraire, nous savons bien que Jésus seul est la vérité, et qu’en dehors de lui, tout mérite d’être régulièrement remis en question. Lui seul est une vérité vivante qui nous respecte et nous enrichit ; Tout le reste enferme dans des formulations qui finissent par être étroites et s’éloignent de la réalité. Ainsi toute certitude mérite d’être criblée par l’intelligence humaine : pourquoi fais-tu ce que tu fais ? pourquoi dis-tu ce que tu dis ?

Pour argumenter, il faut avoir réfléchi, creusé soi-même les raisons de ce que nous pensons. Si nous sommes capables de rendre raison de nos idées, de nos options, de nos certitudes, nous pourrons apporter de nouveaux éléments de réflexion aux autres. Parfois, il nous arrive aussi de ne pas savoir rendre compte de certaines choses auxquelles nous croyons… par défaut de formation, par défaut d’écoute de l’autre, ou bien parce qu’il s’agit de mystères qui dépassent notre entendement. Alors c’est par notre témoignage patient de charité que nous démontrerons ce à quoi nous croyons.

Que le Seigneur nous donne les bonnes conditions d’un dialogue et d’une écoute entre nous, et autour de nous… que cette rentrée soit vécue dans la recherche honnête de la vérité et la pratique généreuse de la charité, voilà à quoi nous sommes appelés !