1er Dimanche de l’Avent

Aimez-vous attendre ?

Comme il est désagréable d’attendre !
Votre rendez-vous est en retard et déjà vous vous impatientez suffisamment pour pouvoir, acerbe, lui servir à son arrivée : « j’ai failli attendre ». Vous partez en vacances, la voiture est chargée, prête à partir, mais il manque un enfant ! Lorsqu’en fin l’absent apparaît, toute la famille lui tombe dessus : « c’est toujours toi qu’on attend ! » Mais, quelques instants plus tard, c’est toute la voiture qui se voit  condamnée à attendre (et à pester) dans les embouteillages.

Évidemment, avec notre culture de l’instantané où l’impatience est érigée en vertu, l’attente est à éviter à tout prix. Lorsqu’on ne peut faire autrement, lorsqu’on ne peut esquiver l’attente par toute sorte d’occupation urgente (selon l’apophtegme : « c’est fou ce qu’on peut faire en 5 minutes ») on l’organise… On a inventé pour cela des salles (plus ou moins encombrées), des listes ou des files (plus ou moins longues) … Malheureusement, ces ingénieux systèmes ne sont (pour l’instant) d’aucune utilité devant un confessionnal. L’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la
bouche de Dieu. Quand verra-t-on la file d’attente du confessionnal comparable à celle de la boulangerie ? Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs. Quand verra-t-on la salle d’attente du confesseur aussi remplie que celle du médecin ?

Notre allergie chronique à toute attente pose un sérieux problème, car voilà : l’avent est précisément le temps de l’attente ! Non la petite attente des cadeaux, mais la grande attente du Seigneur, le cadeau par excellence : Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient. Cette venue du Seigneur a eu lieu dans la chair : c’est ce que nous allons célébrer au terme de l’Avent. Mais il faut encore qu’elle se réalise dans la grâce en chacun de nos cœurs (c’est ce qu’il faut demander avec insistance) et dans la gloire à la fin des temps (c’est ce qu’il faut désirer avec ardeur). Il faut donc s’exercer à attendre !

Oui, attendre est un art ! Le latin emploie le même mot pour dire « attendre » et « espérer, souhaiter vivement ». Cela signifie qu’attendre n’est pas synonyme de s’impatienter, mais de désirer ! Le chrétien est fondamentalement un être de désir !

Or, le désir se cultive comme une plante. Si on ne l’entretient pas, il se dessèche et dépérit. L’Avent est l’opération de repiquage du désir, le temps pour que notre désir retrouve sa vigueur. Alors, au grand désir du Seigneur d’entrer et de demeurer chez nous par les sacrements correspondra notre vif désir de l’accueillir avec piété, ferveur et émerveillement.

Don François-Xavier Pecceu +, vicaire