« Pitié, Seigneur, car nous avons péché ! » (Ps 50)
Voici venu le temps béni du carême, merveilleux et redoutable, où Dieu nous attend. Merveilleux parce qu’il est la reprise, par la liturgie, du don total du Christ pour nous sauver du péché, redoutable parce qu’il vient révéler en nous la difficulté à nous donner plus. Il y a pourtant un enjeu important à bien vivre le carême, sans nous alarmer face à nos manques de fidélité aux résolutions, mais sans partir non plus du principe que nous n’y arriverons pas.
En route avec Jésus : le carême se présente comme un temps privilégié parce qu’il est une marche avec le Christ, lui qui nous révèle la grandeur de l’amour de Dieu. Il y a certaines aventures que nous ne sommes pas prêts à vivre seuls ou avec des personnes inconnues, mais qu’au contraire nous pouvons accepter aveuglément si nous sommes accompagnés par une personne dont la confiance se manifeste par une affection totale. « Avec toi, j’irais au bout du monde ! ». Combien plus cela devrait être vrai avec le Christ !
Animé par des résolutions : Le regard posé sur nos carêmes passés révèle sans doute une liste de résolutions non tenues. Le manque de persévérance nous fait peur et nous déstabilise pour en prendre de nouvelles. Pourtant, les résolutions sont là pour nous faire progresser humainement et spirituellement. Elles sont donc bonnes et nécessaires. Elles éduquent notre volonté et nous stimulent dans notre chemin de sanctification. Si nous n’arrivons pas à les tenir aussi bien que nous voudrions, c’est preuve qu’elles sont bonnes parce qu’elles nous tirent vers le haut, elles sont exigeantes. Lorsqu’on y répond avec facilité, c’est peut-être parce qu’elles ne sont pas très audacieuses… Demandons à l’Esprit Saint de nous aider à discerner les résolutions les plus adaptées à notre situation, à la mesure des efforts que nous pouvons faire, en n’ayant pas peur que cela nous coûte !
Confronté à nos faiblesses : Si le Christ est mort sur la croix, c’est pour nos péchés. Nous ne pouvons pas marcher avec Jésus sans avoir un regard éclairé sur notre condition de pécheur, sans prendre conscience du pourquoi le Christ vient me sauver. Nous ne pouvons pas nier notre péché, ce serait une manière de refuser toute progression. La conscience de notre état de pécheur n’est pas là pour nous décourager, pour nous abaisser et nous humilier, mais plutôt pour nous dire que le Christ prend sur lui nos faiblesses pour « nous procurer le repos ».
Pour recevoir l’abondance de la miséricorde : Non seulement le Christ porte notre péché, mais il nous donne aussi la grâce de la miséricorde, renouvelée à chaque fois que nous nous tournons vers lui, avec sincérité, pour lui présenter nos fautes. Il ne fait pas que porter nos faiblesses, il nous élève dans la grâce par sa mort et sa résurrection vers laquelle ce temps liturgique nous conduit. Tous les efforts de carême que nous pouvons imaginer vont de pair avec notre démarche vers le pardon, par le regret de nos fautes. Notre carême doit vraiment nous stimuler et nous préparer à vivre de la miséricorde de Dieu, particulièrement à travers le sacrement de la réconciliation.
Le carême est une grâce si nous l’accueillons comme un temps de sanctification, stimulant pour notre conversion de chaque jour, invitant à un abandon à Dieu pour en recevoir le meilleur : « ton Père qui voit au plus secret te le rendra » (Mt 6, 18).
Don Hugues Mathieu + curé