« Seigneur, celui que tu aimes est malade »…
Ce message que Marthe et Marie envoient à Jésus, quel beau modèle de prière, simple, pleine de dignité et de confiance : Jésus aime celui qui souffre… Il va faire quelque chose pour Lui.
Les sœurs de Lazare n’obtiendront pourtant pas sa guérison « à temps » ! Mais elles obtiendront que l’ami qui était absent demande, à son Père, encore bien plus : pour la première fois un homme ressort vivant de son tombeau, devant toute une foule. Certes, vivant d’une vie qui demeure fragile et mortelle. Ce n’est qu’un premier pas mais c’est le premier acte, une répétition générale de ce que Jésus avait déjà annoncé au commencement de sa vie publique, en Jn 5 : « l’heure vient – et c’est maintenant – où les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l’auront entendue vivront. Comme le Père, en effet, a la vie en lui-même, ainsi a-t-il donné au Fils d’avoir, lui aussi, la vie en lui-même Ne soyez pas étonnés ; l’heure vient où tous ceux qui sont dans les tombeaux entendront sa voix ; alors, ceux qui ont fait le bien sortiront pour ressusciter et vivre, ceux qui ont fait le mal, pour ressusciter et être jugés. »
L’heure vient… Après le miracle de ce dimanche, résurrection individuelle et provisoire de l’ami, viendra la résurrection individuelle et définitive du Fils lui-même, « Premier-né d’entre les morts », puis, un jour que seul le Père connaît, la résurrection définitive de tous les rachetés. Oui, pour ce dernier jour, nous attendons la résurrection des corps glorieux, immortels. Quelle fête, quelle joie ce sera ! Même si le « comment » nous échappe encore.
En attendant, chaque messe et spécialement celle du dimanche est entraînement et avant-goût de la résurrection, de cette heure qui vient. Et donc renouvellement de ce miracle de Lazare.
Nous commençons la messe en nous recommandant les uns les autres à Dieu : « Seigneur, celui que tu aimes es malade »… Malade de l’âme, cette maladie que nous avons tous et dont nous guérissons sans cesse par la grâce de la prière et des sacrements : le péché. « C’est pourquoi je supplie la Vierge Marie, les anges et tos les saints, et vous aussi mes frères, de prier pour moi… » Ainsi à chaque messe, dans cette prière qui a toujours de quoi nous émouvoir, nous demandons la guérison les uns pour les autres, dans le Corps qu’est l’Eglise, en même temps que chacun la demande pour lui-même. Nous la redemandons encore, la main sur la poitrine, juste avant de communier : « Seigneur je ne suis pas digne que tu viennes sous mon toit, mais dis seulement une parole et mon âme sera guérie… » Voilà comment, dans la foi, notre âme à la messe est guérie de ses maladies. Avant de recevoir encore personnellement cette Parole qui guérit, dans l’indispensable sacrement du pardon, par la prière d’absolution : « Moi, au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit, je vous pardonne tous vos péchés… » Comme Jésus disait devant Lazare : « Déliez-le, et laissez-le aller » ! Croyons à cette grâce.
A chaque messe enfin, bien plus qu’une guérison : Dieu nous exauce en nous faisant déjà participer à sa résurrection. A chaque fois que nous recevons le corps du Christ, même quand c’est par une « communion spirituelle », nous devenons ce que nous recevons, nous avons part à un corps immortel, incorruptible : « celui qui mange du pain que je donnerai aura la vie éternelle ». Encore deux semaines de carême…Ainsi alimentés, nous allons suivre Jésus dans sa Passion pour mieux parvenir à sa Résurrection et l’annoncer au monde.
Don Enguerrand, †vicaire