L’Ascension, source de notre joie
« Or, tandis qu’il les bénissait, il se sépara d’eux et il était emporté au ciel. Ils se prosternèrent devant lui, puis ils retournèrent à Jérusalem, en grande joie. » (Lc 24, 51- 52).
Comment expliquer cette joie des Apôtres, après l’Ascension du Seigneur ? Comment peuvent-ils se réjouir alors que leur Maître et Ami se dérobe à leurs yeux ?
Évidemment, il faut se rappeler les promesses qu’il leur a faites, avant de les quitter. « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » ; « v ous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins […] jusqu’aux extrémités de la terre. » Les Apôtres ont bien compris que le Christ ne les abandonnait pas, mais qu’il établissait désormais un autre mode de présence : plus discret, mais étendu au monde entier et à tous les temps. Un don immense allait leur être fait, qui nous est encore communiqué à tous par le baptême et la confirmation : le don de l’Esprit Saint, la présence de Dieu luimême en nous.
Désormais les Apôtres attendaient cette bénédiction, cette onction de l’Esprit Saint qui allait venir en eux. Dans les dix jours entre l’Ascension et la Pentecôte, on imagine parfois les Apôtres tremblant de peur, enfermés au Cénacle, où Jésus avait partagé avec eux son dernier repas avant la Passion. Or rien dans l’Écriture ne nous dit cela… Pour ma part je préfère les imaginer comme dans une retraite, attendant avec ferveur ce don promis, et se préparant à la mission qui les attendait. Nous pouvons aussi faire de ce temps pour nous-même un temps de retraite : en quoi, aujourd’hui, avons-nous besoin de l’Esprit Saint ? Que doit-il réchauffer, guérir, redresser en nous ? La Pentecôte ne sera pas qu’un souvenir d’un événement lointain : elle doit être un mémorial, qui nous fait revivre, année après année, la descente de l’Esprit Saint.
C’est ce don de l’Esprit Saint qui a permis au Apôtres de comprendre pleinement qui était ce Jésus qu’ils avaient accompagné, qu’ils avaient vu mort et vivant de nouveau : le Fils de Dieu lui-même, Dieu fait homme. Ils avaient partagé la vie de Dieu parmi les hommes : quel privilège, quelle responsabilité ! On les imagine bien, en redescendant à Jérusalem, ou dans la salle du Cénacle, se rappeler ensemble tout ce qu’ils avaient vécu avec lui, tout ce qu’il avait dit, et comment ils le comprenaient désormais. Pour nous aussi, il en va souvent de même. Nous ne percevons pas le passage de Dieu dans nos vies quand il s’accomplit ; bien souvent, c’est la mémoire, avec l’assistance de l’Esprit Saint qui nous permet de dire comme Jacob : « en vérité, le Seigneur était là ! Et moi, je ne le savais pas. » (Gn 28, 16).
Enfin, le Christ monté au Ciel indiquait désormais aux Apôtres où est le but de notre vie : auprès du Père, où Jésus qui siège à sa droite nous a préparé une place, là où il intervient sans cesse en notre faveur comme notre avocat. Par le Christ, notre chair transfigurée, notre humanité ressuscitée est montée dans la gloire de Dieu, où nous serons admis un jour. Voici comment saint Paul éclaire ce mystère : « Pensez aux réalités d’en haut, non à celles de la terre. En effet, vous êtes passés par la mort, et votre vie reste cachée avec le Christ en Dieu. Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui dans la gloire. » (Col 3, 2). Élevons notre cœur, tournons-le vers le Seigneur qui nous attire à lui !
don François Doussau + prêtre