Et un aventurier de plus au paradis !
Ce dimanche 15 mai, l’Église canonise Charles de Foucauld, une personnalité pour le moins atypique et complexe. En reprenant les mots de Cyrano de Bergerac que j’affectionne beaucoup, nous pourrions essayer de le décrire ainsi : mauvais garçon, militaire, soldat de Dieu, aventurier, explorateur, ermite, religieux sans couvent, prêtre, martyr aussi, ci-git saint Charles de Foucauld, qui fut tout et qui ne fut rien….
Mais pourquoi l’Église canonise-t-elle cet homme aujourd’hui ? Est-ce pour nous montrer encore un de ces saints qui accomplit des choses extraordinaires mais impossibles à réaliser pour nous, pauvres mortels du XXIème siècle ? Je ne le crois pas… Toute la vocation de Charles de Foucauld, est simplement de suivre Jésus dans sa vie à Nazareth, c’est d’avoir une vie humble et cachée. Et il pensait que cette vie pouvait être vécue partout et par tous.
Mais alors que veut dire, concrètement, suivre Jésus ? L’Évangile de ce dimanche nous donne la réponse : « A ceci tous reconnaitront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres ». Et pour aimer les autres, pas besoin forcement de mourir sur une croix ou de faire des miracles. Tout se joue dans l’amour concret que nous mettons dans chacune de nos actions quotidiennes.
Lorsque je croise en arrivant au travail ce collègue qui m’énerve, est-ce que je fuis son regard ou est-ce que je lui offre un beau sourire en disant à Jésus « Bénis-le Seigneur et comble-le de tes grâces » ? Quand je croule sous les factures et les mails à traiter alors qu’il y aurait tant de choses plus importantes à faire, est-ce que je m’y mets en râlant ou j’essaie plutôt d’avancer pas à pas dans ces formalités en offrant mes contrariétés pour un de mes amis en difficulté ? Lorsqu’un membre de ma famille me semble stressé, est-ce que j’arrive à laisser mes problèmes et ma fatigue de côté et prendre trois minutes avec lui ou simplement prier quelques instants pour lui ?
Faire du bien autour de moi, voilà ce qui est à la portée de tous : un petit sourire, cinq minutes de mon temps, un tout petit service aussi banal que de sortir une poubelle qui déborde, tout peut être fait par amour. Cela se travaille, c’est parfois un long chemin mais c’est celui qu’ont emprunté de nombreux saints avant nous. Sainte Thérèse de Lisieux disait à Jésus qu’elle voulait passer sa vie à jeter des fleurs, « c’est-à-dire ne laisser échapper aucun petit sacrifice, aucun regard, aucune parole, de profiter de toutes les petites choses et de les faire par amour. »
Alors qu’attendons-nous pour mettre plein de tous petits actes d’amour dans notre journée et ainsi devenir des saints ?
Séverin de La Barre