« Seigneur, si tu avais été là ! » (Jn 11)
Il nous arrive peut-être régulièrement d’être comme Marthe et Marie face à l’absence physique de Jésus au moment de la maladie de leur frère Lazare : « Seigneur, si tu avais été là ! ». Dans ces moments-là, on imagine tous les scénarios possibles où l’action efficace de Jésus aurait changée le cours des choses. Nous oublions juste un élément, c’est que Dieu n’est jamais absent ! « Dieu, infiniment Parfait et Bienheureux en Lui-même, dans un dessein de pure bonté, a librement créé l’homme pour le faire participer à sa vie bienheureuse. C’est pourquoi, de tout temps et en tout lieu, Il se fait proche de l’homme. Il l’appelle, l’aide à Le chercher, à Le connaître et à L’aimer de toutes ses forces. Il convoque tous les hommes que le péché a dispersés dans l’unité de sa famille, l’Église. Pour ce faire, Il a envoyé son Fils comme Rédempteur et Sauveur lorsque les temps furent accomplis. En Lui et par Lui, Il appelle les hommes à devenir, dans l’Esprit Saint, ses enfants d’adoption, et donc les héritiers de sa vie bienheureuse » (CEC 1).
Ce n’est pas tellement sa présence que nous désirons, mais plus son action, un signe efficace voir miraculeux qui permettrait de répondre à notre désir propre. Si nous nous plaçons maintenant du coté de Dieu, est-ce qu’il n’a pas souvent l’occasion de nous dire : « si tu avais été là ! ». Cela parce qu’il y a tellement de moments où Dieu nous trouve absent alors qu’il cherche à nous donner sa grâce. Ne demandons pas à Dieu de prendre rendez-vous avec nous !
A partir de là, nous pourrions vivre ces deux dernières semaines de carême en soignant particulièrement notre présence à Dieu. On peut commencer par le domaine de la prière, parce que c’est le temps privilégié pour nous donner au Seigneur. Mais c’est aussi en dehors de la prière qu’il faut être répondant de l’action de Dieu en nous, à travers notre travail, nos différentes activités, notre vie relationnelle, notre charité, nos souffrances, nos efforts de carême. « Le désir de Dieu est inscrit dans le cœur de l’homme, car l’homme est créé par Dieu et pour Dieu ; Dieu ne cesse d’attirer l’homme vers Lui, et ce n’est qu’en Dieu que l’homme trouvera la vérité et le bonheur qu’il ne cesse de chercher : L’aspect le plus sublime de la dignité humaine se trouve dans cette vocation de l’homme à communier avec Dieu. Cette invitation que Dieu adresse à l’homme de dialoguer avec Lui commence avec l’existence humaine. Car si l’homme existe, c’est que Dieu l’a créé par Amour et, par Amour, ne cesse de lui donner l’être ; et l’homme ne vit pleinement selon la vérité que s’il reconnaît librement cet Amour et s’abandonne à son Créateur (GS 19, § 1) » (CEC 27). Dieu frappe sans cesse à la porte de notre cœur, mais il y a quelque fois une pierre à rouler pour nous faire sortir des ténèbres de notre vie. L’appel de Lazare par Jésus est un appel à la vie, à la vie en Dieu. Nous aussi, laissons-nous appeler, sans craindre que notre réponse passe par l’aveu de nos fautes au confessionnal ! C’est affectivement le plus souvent notre état de pécheur qui voile notre pleine communion avec Dieu, c’est ce qui nous le fait trouver par intermittence. Nous avons commencé le carême par l’invitation de Saint Paul à nous laisser réconcilier avec le Christ, vivons cela avec intensité jusqu’à la nuit pascale.
Don Hugues Mathieu +curé