La parabole du fils prodigue
En ce dimanche de mi-carême, la liturgie nous propose cette parabole que nous connaissons bien … mais nous ne finirons pas de sitôt d’en découvrir toutes les richesses.
Voyons plutôt : bien sûr c’est la figure du fils prodigue que nous saisissons le plus aisément, car elle est comme une annonce de toutes les conversions de l’histoire du christianisme : « il était
perdu, il est retrouvé ».
Cependant, regardons les motivations du retour du prodigue : c’est très intéressé, il a faim et il est réduit à garder les porcs (animal méprisé des juifs) tandis que le Père, Lui, veut lui rendre l’alliance, c’est-à-dire qu’il redevienne fils à part entière, alors qu’il se serait contenté d’une place de domestique.
Le fils aîné nous apparaît comme bien rébarbatif, il est peut-être en règle avec son Père mais quel regard sombre ! Il refuse de s’associer à la joie du Père. Au bout du compte ce que Jésus semble bien nous dire c’est que NI L’UN NI L’AUTRE NE CONNAISSENT VRAIMENT QUI EST LE PERE.
Relisons la parabole avec cette clé et nous verrons que cela s’impose à une lecture attentive, en profondeur. Alors on pourrait dire que cette parabole est finalement la parabole du Père miséricordieux et qu’elle nous concerne tous, qu’il y a en chacune et chacun d’entre nous un peu de fils prodigue et un peu du fils aîné. Une personne qui respecte la loi de Dieu n’est pas forcément un fils aîné rébarbatif ! Regardez saint Paul dans une de ses lettres il indique, parlant du temps où il était un juif pratiquant et observant : « quant à la loi, j’étais irréprochable » pour ajouter aussitôt après que c’est en fait à sa foi en Jésus Fils de Dieu qu’il doit son salut.
Écoutons sainte Thérèse de Lisieux à qui son confesseur a attesté qu’elle n’avait jamais commis de péché mortel. Le père Victor Sion, carme, insiste sur le fait qu’elle s’estime, plus encore qu’un pécheur converti, objet de la miséricorde du Père qui l’a préservée en ôtant de son chemin tous les obstacles qui s’y trouvaient (manuscrit c).
Quant à nous, qui pouvons nous sentir plus imparfaits que ces deux grandes figures du christianisme. Y a-t-il une parole d’encouragement ? Je me permets de citer cet ancien général des chartreux prêchant à
ses moines avec des paroles profondes d’un grand spirituel : « J’ai l’impression de ne pas être pour Dieu un partenaire très attirant. Mais le projet de Dieu est-il d’entrer en communion avec des êtres sans taches ? Ne dit-il pas plutôt le contraire ? Ah ! cela me plairait tant de me dire que la qualité de ma rencontre avec Dieu est mon œuvre ! Il y a en fait une seule condition : croire à son amour » (Texte inédit). Redisons avec sainte Thérèse d’Avila « je chanterai éternellement les miséricordes du Seigneur. »
Don Jean-Marcel