L’Église, c’est Jésus-Christ répandu et communiqué.
Cette formule est de Bossuet, elle veut nous rappeler que l’Église est intrinsèquement liée au Christ : selon une image prisée des médiévaux, elle est comme la lune reflétant l’éclat du soleil, elle n’est rien sans le Seigneur. C’est lui, l’unique médiateur, dont elle prolonge la mission.
En fait, il n’est pas possible d’enfermer l’Église dans une seule image ou définition : aucune ne saisit parfaitement la réalité de ce qu’est l’assemblée de Dieu en profondeur. Connaître ses diverses images est nécessaire pour ne pas s’enfermer dans une unique conception, laquelle sera forcément partielle.
Depuis le Concile de Trente jusque dans les années 1930 c’est la notion de société parfaite qui prévalut car, comme l’État dans son domaine propre, qui est le temporel, elle a tout en elle pour parvenir à sa fin, le salut des âmes : elle dispose d’un gouvernement, de lois, de moyens (les sacrements) pour conduire les hommes à leur fin dernière surnaturelle qui est la vision de Dieu.
Mais des années 1930 jusqu’à Vatican II, le mouvement biblique et la redécouverte des Pères de l’Église remettent en valeur une autre vision de l’Église, chère à saint Paul, celle de corps mystique : comportant l’idée qu’il y a une tête, le Christ, et des membres différents et aussi la présence d’une âme, l’Esprit Saint.
Poursuivant cet effort de lecture des sources patristiques, la recherche théologique retrouve une autre image pour décrire l’Église: celle de sacrement. On s’aperçoit que les Pères de l’Église considèrent le Christ comme le sacrement du Père car il réunit en lui la nature divine et la nature humaine. Pour prolonger son œuvre une fois qu’il est remonté vers son Père, il constitue une Église qui est à la fois divine et humaine, qui comprend une dimension visible et une dimension invisible, et qui peut ainsi être qualifiée de sacrement. Les sept sacrements que nous connaissons bien apparaissent alors comme des actions de l’Église, correspondant à sa double nature : ils transmettent de manière visible la grâce invisible, comme l’Église est le vecteur de l’action du Christ, vrai Dieu et vrai homme.
Don René-François,
d’après le Guide de lecture sur « Lumen Gentium » du Concile Vatican II, par Régis Moreau.