Carême et le combat spirituel
Mercredi dernier, la liturgie de l’Église nous faisait demander à Dieu, dans la collecte de la messe des Cendres, de « savoir commencer saintement par le jeûne l’entraînement au combat spirituel ». Le ton est donné : avec ce vocabulaire presque militaire, nous comprenons bien que le Carême est un temps de combat, où nous sommes appelés à rejoindre l’étendard du Christ dans la lutte contre l’adversaire. Mais ne nous trompons pas : « nous ne luttons pas contre des êtres de sang et de chair », avertit saint Paul (Eph 6, 12) ! L’ennemi contre lequel nous devons « résister jusqu’au sang », rappelle la lettre aux Hébreux, c’est le péché (Hb 12, 4), et celui qui l’inspire. Nous le voyons bien dans l’évangile de ce dimanche où Jésus nous montre, contre le tentateur, comment résister au mal.
Première chose : la lutte est bien menée (et remportée !) par le Christ, sur la Croix, et par son sang versé. Il nous est demandé de le rejoindre, non de prendre orgueilleusement la tête de l’armée. Laissons-le à la première place : le Carême est avant tout un temps de prière plus intense, pour retrouver cette relation vivante avec le Père qui nous donne sa grâce jour après jour.
Ensuite, il faut prendre des moyens concrets. Le jeûne est le moyen privilégié du combat spirituel, depuis l’Ancien Testament. Au-delà du jeûne alimentaire, choisissons aussi des actions concrètes (il vaut mieux les prendre modestement, quitte à réévaluer en cours de Carême…). Pas la peine de faire la liste, nous savons bien ce qui nous détourne de Dieu ou ce qui nous prend beaucoup de temps superflu dans nos journées. L’amour se montre par des choses réelles, même petites, non par les grands idéaux.
Enfin, il faut à tout prix nous décentrer de nous-mêmes. Qu’importent nos réussites ou nos échecs : rendons tout à Dieu, et chaque jour reprenons le travail avec courage. Ne cédons pas à la tentation de la tristesse (« Encore un Carême que je n’ai pas vu passer… »), qui n’est encore qu’une façon de « se regarder le nombril ». Dieu agit aussi avec nos échecs, remettons-lui tout ! Et trouvons un moyen de tourner notre cœur vers nos frères (c’est un des grands buts du Carême). Tous nos efforts doivent être spirituellement offerts, pour ne pas être un simple exploit personnel (dont Dieu n’a que faire). Donnons de notre
attention, de notre temps, de notre bien à ceux qui manquent. Ouvrons notre cœur aux souffrances et aux besoins de notre prochain. Alors, pendant ce Carême, nous aurons laissé Dieu nous purifier, et nous aurons combattu pour son Royaume.
Bon et saint Carême à tous !
don François Doussau + prêtre