Le Christ est mort pour tous
Nous risquons peut-être, concentrés sur l’évangile, de passer à côté de la lecture de la lettre de saint Paul aux Corinthiens proposée ce dimanche. Ce serait dommage parce qu’elle est particulièrement belle et exprime d’une manière sublime ce que signifie être chrétiens.
« L’amour du Christ nous saisit quand nous pensons qu’un seul est mort pour tous« . L’expression de saint Paul nous rappelle qu’à l’origine de tout, comme le dit Benoît XVI, il y a « la rencontre avec un événement, avec une Personne, qui donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation décisive ». L’amour du Christ nous saisit lorsque nous le contemplons sur la croix, lorsque nous y voyons le signe de son amour infini pour nous. Comment ne pas vouloir l’aimer en retour, comment ne pas désirer garder sa parole et accomplir ses commandements, face à un don si grand et si pur ? « Afin que les vivants n’aient plus leur vie centrée sur eux-mêmes, mais sur lui, qui est mort et ressuscité pour eux« . La mort et la résurrection du Christ nous libèrent de l’enfermement sur nous-même. Cette phrase, reprise dans la prière eucharistique IV, nous montre le fruit du sacrifice du Christ : restaurer notre liberté, nous délivrer de l’esclavage de l’orgueil et de l’égoïsme qui nous isolent et nous font désespérer. Notre vie est centrée sur lui parce qu’il vit en nous par le baptême et par tous les autres sacrements : c’est lui en nous qui aime et qui agit pour le Royaume. Notre vie n’est pas centrée non plus sur ce qui est transitoire et mondain : l’objectif, c’est le Christ.
« Nous ne regardons plus personne d’une manière simplement humaine […] : si quelqu’un est dans le Christ, il est une créature nouvelle« . La centralité du Christ renverse nos regards humains, qui parfois jugent et méprisent. Au contraire, le Christ présent en nous nous aide à discerner sa présence en nos frères. Voilà ce qu’est la charité : aimer Dieu au point d’aimer du même amour ses enfants, aimer le Christ au point d’aimer du même amour que lui
ceux pour qui il a versé son sang. C’est tout notre regard qui doit ainsi être converti : est-ce que je m’attarde sur les aspects extérieurs, sur ce qui me heurte, ou est-ce que je contemple en mon prochain la présence de Dieu et l’amour infini dont il est aimé ?
« Le monde ancien s’en est allé, un monde nouveau est déjà né » : vivons donc dans ce Royaume inauguré par la Résurrection, et cherchons à ce que toute notre vie en soit digne !
Don François Doussau + prêtre