« L’homme intérieur se renouvelle de jour en jour » (2Co 4,16)
C’est un paroissien qui me suggère le thème de l’édito cette semaine. Il me dit : « Il faut que vous parliez de l’oraison ». Je demande pourquoi. Il m’explique qu’il a pris au mot quelques indications que nous avions données au cours d’une rencontre pour commencer la prière du cœur (c’est ça, l’oraison). Et que ça a changé sa vie. Progressivement. Il a expérimenté la bénédiction que Dieu réserve à celui qui prie sincèrement. « Ce moment est devenu indispensable, dit-il. Alors… allons-y.
Petit guide pour commencer des rendez-vous d’amour avec Dieu
Faites des choix ! Déterminez un horaire si possible habituel, ainsi qu’une durée, et programmez un minuteur pour ne pas vous soucier du temps qui passe. 15 mn pour commencer, c’est bien ! Mais ce peut être 10 mn ou 30 mn. L’essentiel est d’être régulier (chaque jour) et que la durée soit fixe. Choisissez un lieu et un moment où vous ne serez pas dérangé. Choisissez une position adaptée : pour certains, ce sera assis sur une chaise (plutôt pas enfoncé dans un canapé !), bien installé, le dos droit et bien calé les pieds à terre, le les mains posées sur les cuisses ou jointes sans effort. D’autres préféreront se tenir debout ou à genoux. Visons une position simple et pratique, pas négligée.
Commencez par faire un acte de foi dans la présence active de Dieu, et dites explicitement au Seigneur votre détermination à lui donner ce moment par amour. Par exemple : « Je viens en ta présence Seigneur, et je te donne ce moment par amour pour toi ». Ce n’est pas un temps d’introspection, pour se replier sur soi, de méditation, pour entretenir des pensées au sujet de Dieu (et encore moins des mouvements de l’imagination), ou pour formuler de belles prières. C’est un temps de présence à Dieu, d’adoration, et d’abandon dans la confiance à Dieu-Trinité qui EST.
Le Saint Esprit est le « maître intérieur » : c’est lui qui apprend à prier. Nous ignorons les chemins de Dieu : il nous conduit dans la confiance. Comme le dit Saint Jean de la Croix : « C’est de nuit que nous partirons, car pour découvrir la source, seule la soif nous éclaire ». Autrement dit : nous ne savons pas comment ni où trouver Dieu, mais notre désir, qui est déjà une motion du Saint Esprit, nous guide jusqu’à lui, même dans l’ignorance (la « nuit »).
Comment faire pour ne pas rester enfermé dans ses idées, ses distractions, ses émotions, mais s’ouvrir vraiment à la présence objective de Dieu ? Bonne question ! Car c’est le piège le plus fréquent… Si votre pensée divague, si des sentiments vous troublent, ce n’est pas grave ; donnez cela à Dieu, et ramenez votre attention patiemment ici et maintenant (c’est là que Dieu vous attend !) en suivant la respiration. La respiration est l’image de l’échange d’être et d’amour constant de Dieu à nous. Certains pourront s’aider du mouvement de l’inspiration pour y associer deux mouvements du cœur : sur l’inspiration, j’accueille la présence de Dieu (dont je dépends plus encore que de cet air que je respire), sur l’expiration, je me donne par amour au Seigneur. Mais ne compliquons rien. Ce n’est pas vraiment une méthode, mais un petit chemin qui prépare à la paix du cœur.
Ce n’est pas grave de ressentir de l’ennui, ou un peu de découragement, ou je ne sais quoi d’autre. L’essentiel est de rester déterminé à revenir paisiblement à la présence de Dieu qui est là, à l’aimer. C’est lui qui s’occupe de vous libérer des obstacles intérieurs. Laissez-le agir comme il le veut. Il est important de ne pas se soucier du résultat. Quand c’est l’heure, c’est l’heure, et rendez-vous au prochain quart d’heure d’amour pour Dieu !
Vous vous lancez ? Disons… pour dix jours ? Faites-nous part de votre expérience !
Don Guillaume Chevallier + vicaire