Edito du 2ème dimanche de Carême

« Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie »

Nous sommes entrés dans le désert du carême pour y trouver le Christ. En même temps, comme le dit saint Augustin, on ne le chercherait pas si on ne l’avait pas déjà trouvé. Le Christ est à la fois celui vers qui nous allons et celui avec qui nous allons. Il est avec nous parce qu’il est source de notre disposition à progresser, de notre enthousiasme à grandir, de la force nécessaire pour nous dépasser malgré les difficultés d’une vie spirituelle. Mais il est aussi celui vers qui nous allons parce que nous n’avons jamais fini de le découvrir. Pierre, Jacques et Jean montent sur la montagne avec Jésus, ils s’élèvent accompagnés par le Christ parce qu’il est la source de ce qui élève. Ils se mettent aussi à l’écart avec Jésus comme pour trouver une plus grande intimité avec lui. Mais, sans en être pleinement conscients, ils vont vers le Christ, celui-ci se manifestant autrement par le mystère de la transfiguration. Ils découvrent un nouvel aspect de leur maître et Seigneur parce que Jésus se révèle à eux comme s’il était l’aboutissement d’un chemin. Jésus leur fait effectivement déjà goûter à la gloire vers laquelle ils se dirigent en marchant avec le Christ.

Traduit dans notre marche de carême, cela nous invite à prendre en considération ces deux aspects : comment rendons-nous présent le Christ dans notre vie ? Vers quoi voulons-nous que notre vie chrétienne nous conduise ?

Le Christ est présent par la prière, le jeûne et l’aumône, par la charité de notre cœur capable de s’exprimer extérieurement. Encore faut-il être persuadé que le Christ développe sa présence lorsque nous vivons pleinement ces exercices de carême, ne répondant pas seulement à satisfaire notre conscience, mais en s’y donnant sans rien attendre en retour. C’est là où il faut sentir les moments où Jésus veut nous conduire à l’écart où sur la montagne, ce sont sans doute les moments où il aspire le plus à nous faire prier, à entrer dans une plus grande intimité avec nous, à mettre en lumière sa présence mystérieuse.

Cela est possible que si nous aspirons à choisir le chemin qui conduit à la contemplation du Christ en gloire. Notre être baptismal est fait pour cela. Ce n’est peut-être pas notre souci de chaque instant, mais cela devrait pourtant s’inscrire dans l’orientation fondamentale de notre vie, et de tout ce que nous mettons en place pour répondre à cette aspiration profonde. Nous sommes faits pour demeurer auprès de Dieu, comme l’exprime saint Pierre : « Seigneur, il est bon que nous soyons ici ».

Puisse ce double accent donner une plus grande lueur à notre carême, en mettant de notre coté tout ce qui nous permettra d’être plus avec Lui. L’entrainement du carême par toute l’exigence que nous y mettons, ne peut être que source d’une grâce qui rend notre relation à Dieu plus simple : « Nous attendons notre vie du Seigneur : il est pour nous un appui, un bouclier. Que ton amour, Seigneur, soit sur nous comme notre espoir est en toi » (Ps 32).

Don Hugues, †curé