31e dimanche du Temps Ordinaire

« Tout est devenu flou, un peu trop fou pour moi »

Chère Angèle, vous êtes, bien que belge, notre chanteuse préférée. Depuis cet été, vous vous plaignez sur toutes nos radios : votre  célébrité vous entraîne sur une pente glissante. Pression, solitude, et un dramatique sentiment d’imposture (NB : pour ceux qui ont réussi à ne jamais l’entendre, extraits des paroles dans l’encadré ci-contre).

Levez donc les yeux vers le Ciel, chère Angèle : regardez la foule des saints que nous fêtions en ce 1 er novembre. Quelques-uns sont tout aussi populaires que vous ! En pensant au destin de ces bienheureux, le flou se dissipera. Pensez à ces saints un peu comme chez l’ophtalmo on regarde dans le viseur la petite montgolfière au bout de la route. Donnez à votre œil le temps de s’ajuster à l’image… Là, vous les apercevez ?

Ces frères et sœurs aînés nous ont précédés dans la souffrance et dans la joie. Maintenant que s’est dissipé le nuage de l’amour-propre, que le Très-Haut, après le temps de la grâce, les a invités dans celui de la gloire, ils voient la Trinité dans la clarté, la splendeur des trois personnes divines dans leur unité brûlante. En se montrant à eux, lui les transforme en son image : « nous lui serons semblables, car nous le verrons tel qu’il est » (1 Jn 3,2). Quelle beauté… Ne voulez-vous pas vous faire un cœur pur pour voir cela aussi ?

Le monde, Angèle, ne pourra vous apporter que du flou. Le flou de ses fausses relations, le flou de ses convoitises, de ses appétits satisfaits ou contrariés, de ses vanités froissées ou flattées, de ses illusions… « Dans le monde, vous aurez à souffrir » (Jn 16,33).
La foi dans ce Ciel qui vous appelle, elle, ne vous apportera que de la netteté. Netteté d’un cœur qui bat pour Dieu seul, netteté d’un amour qui se met en peine pour toujours servir et ne pas être servi, netteté de la louange de Dieu en toutes circonstances, netteté de l’aveu des fautes et de la libération par les sacrements, netteté d’une âme qui ne cherche plus l’approbation des autres (les fans vrais et faux), mais du Seigneur Jésus seul, qui détient le secret de la Vie éternelle : « Moi, je suis vainqueur du monde » (Jn 16,33).

Angèle, est-ce un peu trop fou pour vous ? Pas d’angoisse ! Les saints (sainte Angèle de Foligno en particulier, votre sainte patronne) vous montrent des repères que vous ne perdrez jamais. Attrapez donc l’évangile, saisissez la croix du Christ par la foi. Troquez un bon coup vos objectifs pour l’unique que Dieu vous a fixé en vous créant : la sainteté. Et marchez bien droit vers le but, en suivant l’humble  Agneau, avec la foi et l’amour de Marie, la seule reine du monde. La suite, on verra.

Don Guillaume Chevallier +, vicaire