La montagne, le verre d’eau et la mission
La phrase de Jésus sur le verre d’eau, dans l’évangile de ce dimanche, me rappelle une anecdote personnelle, qui semblera peut-être très anodine. Lors de ma retraite annuelle, en février dernier en Haute-Savoie, j’étais parti en randonnée pour une bonne partie de la journée afin de profiter des splendeurs des Alpes. A la nuit tombante, mon enthousiasme m’ayant entraîné plus loin que prévu, je me trouvais au pied des deux heures de montée à pied vers le monastère, assoiffé et les pieds déjà bien fatigués. Me revint alors en mémoire ce passage d’évangile, et à ce moment précis, un homme devant la porte de sa maison me proposa de but en blanc un verre d’eau. La discussion était engagée, et cet homme, sans religion affichée, mais sans doute heureux de rencontrer un prêtre, commença à me raconter sa vie puis proposa de m’emmener en voiture au monastère.
De cet épisode j’ai retenu deux leçons mémorables : la première est que Dieu veille constamment sur nous, même par des gestes anodins.
La deuxième, c’est que, comme chrétiens, il nous faut prendre garde à ne pas adopter une attitude d’hostilité de principe envers le monde. De vigilance, certainement, puisque Jésus nous y invite. Mais cet homme, qui se déclarait sans religion, était au fond animé d’une véritable bienveillance, et a été un relais de la bonté de Dieu. Accueillir cette bienveillance était sans doute pour moi la seule chose nécessaire pour que cet homme commence à se rapprocher de Dieu à sa manière… Être missionnaire, cela signifie, certes, annoncer explicitement l’Évangile. Mais cela commence avant : la mission, c’est aussi une disposition d’accueil aux éléments de bonté déjà présents, qui sont des traces de Dieu. Il est présent avant nous ! Notre attitude peut déjà être une manière de révéler à celui que nous rencontrons la présence de Dieu à l’œuvre. C’est aussi ce qui peut nous permettre de découvrir plus en profondeur le Dieu que nous annonçons.
Don François Doussau + prêtre
