« Pour moi, vivre c’est le Christ »
Ainsi s’exprime saint Paul dans la lettre aux Philippiens (1, 21). Plus loin, il précise : « Il s’agit pour moi de connaître le Christ, d’éprouver la puissance de sa résurrection et de communier aux souffrances de sa passion, en devenant semblable à lui dans sa mort, avec l’espoir de parvenir à la résurrection d’entre les morts » (3, 10-11).
Si pendant le Carême, nous mettons tout (ou au moins nous souhaitons…) en œuvre pour nous préparer à vivre les solennités pascales, par notre ascèse, notre prière et nos actes de miséricorde, quand arrive la Semaine Sainte, il s’agit désormais de se laisser guider par la liturgie. Jour après jour, elle nous entraîne à suivre le Christ dans son triomphe, ses combats, son don total, sa mort et sa Résurrection. En effet, ce chemin est appelé à être aussi le nôtre : la Semaine Sainte et le Triduum pascal n’ont pas simplement pour but de nous faire revivre ce sommet de la vie du Christ, mais également de le vivre pour nous, que ce chemin de mort et de Résurrection s’enracine également dans notre vie, pour nous préparer à vivre le grand passage.
Plusieurs possibilités s’offrent à nous. On peut par exemple méditer les lectures et les oraisons que la liturgie nous propose ; on peut également prendre le temps de contempler l’un des mystères de la Passion qui nous touche- particulièrement cette année, peut-être parce qu’il rencontre un aspect concret de notre vie actuelle.
On peut également tout simplement regarder le Christ durant tous ces jours saints : comme le dit saint Pierre, « il nous a marqué le chemin pour que nous allions sur ses traces » (1 P 2, 21). Que nous montre-t-il jour après jour ? Aux Rameaux, nous apprenons à l’accueillir, à le célébrer, malgré l’ambivalence de nos cœurs prêts à le mener à la mort quelques jours plus tard. Le Jeudi Saint, il nous montre l’exemple du don total, du service de nos frères, qu’il nous invite à accomplir jour après jour à sa suite ; le vendredi, c’est la leçon du sacrifice, de l’offrande de soi par amour, du pardon total et de la miséricorde. Le Samedi Saint, il nous enseigne à attendre dans le silence l’action de Dieu, parfois invisible à nos yeux et pourtant bien réelle ; et enfin, durant la Nuit sainte, et pendant le dimanche de Pâques et toute l’octave qui suit, nous apprenons à vivre de cette vie nouvelle de ressuscité, cette vie reçue au baptême que nous sommes appelés à découvrir et déployer d’année en année.
Que le Christ soit notre guide, notre maître, notre vie, lui qui nous entraîne sur le chemin de la croix vers la lumière de la Résurrection. Que cette Semaine Sainte soit pour chacun l’occasion de le suivre de plus près, pour qu’en lui, avec lui et par lui, nous apprenions à mourir et ressusciter. Alors cette phrase prendra tout son sens : « pour moi, vivre c’est le Christ » !
Don François Doussau + prêtre
