« Allez donc aux croisées des chemins » (Mt 22)
Pendant trois dimanches, nous avons médité sur l’image de la vigne. Elle représente le Royaume des Cieux auquel nous participons, à travers notre vie baptismale dans l’Église. Nous travaillons à l’édification du corps mystique du Christ qui est l’Église, quelques fois comme ouvrier de la dernière heure, quelques fois comme fils plus ou moins motivé, quelques fois comme gérant. Nous allons encore plus loin avec ce dimanche qui invite à un lien d’alliance par la comparaison du Royaume des Cieux à des noces.
Dans ces noces, le roi est important, c’est lui qui organise et invite. Le fils a toute sa place puisqu’il est l’époux. Par contre, les invités ne sont pas très intéressants puisqu’ils ne veulent pas venir, et parmi ceux qu’on arrivera à faire venir, certains n’ont pas la bonne tenue et sont donc expulsés. Les personnages qui ont le rôle le plus important sont sans doute les serviteurs. Ce sont eux qui appellent à venir, qui insistent, qui parcourent les chemins, qui pour certains sont maltraités et tués.
Qui sont ces serviteurs ? Ils reçoivent une mission, ce sont donc des envoyés. Le Pape François aime à penser que ce sont des missionnaires. Ils sont dociles et obéissants, ils portent une mission qui n’est pas la leur, pour une cause qui ne leur appartient pas. Les serviteurs ont accueilli l’appel du roi, pour une invitation à la rencontre de son fils, à l’occasion de la création d’une alliance par des noces. Les missionnaires sont dociles à l’Esprit Saint, recevant l’appel du Père pour conduire à une alliance sans cesse renouvelée. Ils acceptent d’aller à la croisée des chemins du monde entier, au risque d’être mal traités ou même tués, acceptant de ne pas toujours être suivis. Ils arrivent à toucher certains, au risque de les perdre par la suite par manque de conversion intérieure (le vêtement de noces). « Les missionnaires ont tourné leur regard vers le Christ crucifié, ils ont accueilli sa grâce et ils ne l’ont pas gardée pour eux. Comme saint Paul, ils se sont faits tout à tous ; ils ont su vivre dans la pauvreté et dans l’abondance, être rassasiés et souffrir de la faim; ils pouvaient tout en celui qui leur donnait la force (cf. Ph 4, 12-13). Avec cette force de Dieu, ils ont eu le courage de “sortir” sur les routes du monde mettant leur confiance dans le Seigneur qui appelle. Ainsi est la vie d’un missionnaire, d’une missionnaire… pour finir ensuite loin de chez soi, de son propre pays » (Pape François, homélie du 12 octobre 2014).
Soyons dans l’admiration et l’action de grâce pour ceux qui ont été les premiers serviteurs, les missionnaires du début de notre Église. « Souvenez-vous de ceux qui vous ont dirigés : ils vous ont annoncé la parole de Dieu. Méditez sur l’aboutissement de la vie qu’ils ont menée, et imitez leur foi » (He 13, 7). Mais demandons-nous aussi comment nous-mêmes sommes invités à être ce serviteur qui veut conduire à une alliance avec le Christ. « La mission évangélisatrice de l’Église est essentiellement annonce de l’amour, de la miséricorde et du pardon de Dieu, révélés aux hommes dans la vie, la mort et la résurrection de Jésus Christ. Les missionnaires ont servi la mission de l’Église, en rompant le pain de la Parole aux plus petits et aux plus éloignés et en portant à tous le don de l’amour inépuisable, qui jaillit du cœur même du Sauveur » (Pape François).
Don Hugues Mathieu, †curé