Hosanna in excelsis !
Ces paroles ont été retenues par l’Eglise dans le chant du Sanctus que nous proclamons joyeusement à chaque messe. Elles nous introduisent au mystère de Dieu qui se rend présent sous l’apparence du pain et du vin. Comment entrons-nous dans ce moment crucial de la messe ? L’Evangile que la liturgie nous donne d’entendre ce dimanche, avant d’entrer en procession dans l’église, peut nous interroger sur la manière dont nous nous approchons de l’autel et nous aider à grandir dans notre foi en l’Eucharistie.
Qui est cet homme ? Dans la foule qui chante l’Hosanna, il y a ceux qui ne connaissent pas vraiment le Christ, mais entraînés par une foule agitée, vont vers lui et proclament des paroles messianiques dont le sens leur échappe un peu : Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Ceux-là n’agissent pas dans une pleine liberté intérieure. Ils se laissent guider par des mouvements de foule, par les émotions du moment, faisant comme tout le monde. Cette attitude peut être la nôtre quand nous suivons le mouvement de l’assemblée sans prendre le temps de nous recueillir. Cette interrogation sur l’identité de Jésus est cependant un bon point de départ pour entrer plus avant dans le mystère de la messe. Vers qui je m’avance quand je monte à l’autel pour communier ? Qui vais-je rencontrer ?
C’est le prophète Jésus, de Nazareth en Galilée. Dans la foule, d’autres ont bien conscience que Jésus n’est pas un homme ordinaire. Peut-être ont-ils été touchés par son enseignement, une grâce de consolation, un miracle dont ils ont été les témoins. Ce Jésus de Nazareth étonne, fascine, attire…Mais n’est-il seulement qu’un prophète ? Nous aussi avons pu être saisis d’une manière ou d’une autre par le mystère de l’Eucharistie et percevons bien que le pain consacré n’est pas un aliment ordinaire. Pour autant, nous avons parfois du mal à poser un regard de foi sur la présence réelle du Christ dans nos églises. Nous pouvons nous arrêter à un regard trop humain, avec le risque de s’habituer au sacrement. N’est-ce pas pourtant l’Annoncé de toutes les promesses (Benoît XVI) qui vient à notre rencontre, le Fils de Dieu lui-même ?
Voici ton roi qui vient vers toi. Ces paroles d’Isaïe sont reprises par Matthieu qui applique cette prophétie à Jésus, humble Messie. L’attitude des disciples qui disposent sur l’ânesse et son petit des manteaux témoignent de leur foi dans la divinité du Christ. Le fait d’étendre des manteaux est en effet un geste réservé aux rois dans la tradition de la royauté davidique et ainsi dans l’espérance messianique qui s’est développée à partir de cette tradition. De même, pour nous, à chaque messe, c’est le Seigneur lui-même, le Roi des rois, qui se rend présent sur l’autel, sous l’humble apparence du pain. Nous pouvons nous préparer à communier avec la même disposition de cœur que les disciples, pénétrés de foi et de crainte filiale.
Notre compréhension du mystère de la messe évolue. Nous pouvons passer alternativement d’une foi tiède, à une grande dévotion eucharistique. Que cette entrée dans la semaine sainte nous aide cependant à réaliser toujours plus le miracle de la présence réelle, pour que les rameaux que nous tenons à la main soient un signe authentique de notre foi en la présence du Christ au milieu de nous et à son triomphe sur le mal. Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !
Don Antoine, †vicaire