Réquisition générale !
Quand vous avez besoin d’emprunter un équipement à un voisin, comment vous y prenez-vous ? En essayant une allusion discrète pour qu’il vous propose lui-même ? En suggérant de lui louer… pour qu’il vous le prête ? En demandant clairement et directement, au risque qu’il dise non ? Jésus, lui, a une meilleure méthode : quand Il a besoin d’un ânon, Il ne demande rien à personne, Il le réquisitionne en envoyant ses disciples. Pas le choix, il lui en faut un pour accomplir les Ecritures en entrant à Jérusalem… C’est écrit par Zacharie : Voici ton roi qui vient, assis sur le petit d’une ânesse. On commence à connaître Jésus, ce n’est pas l’audace qui lui manque.
Mais si c’était un message ? Et si nous prenions pour nous cette consigne qui passe inaperçue, qui ouvre la plus importante des semaines : Détachez-le et amenez-le. Si l’on vous dit : ‘Que faites-vous là ?’, répondez : ‘Le Seigneur en a besoin, mais il vous le renverra aussitôt’.
Pour ce qu’Il avait à faire, le Seigneur n’avait pas seulement besoin de cet ânon qui n’avait jamais servi. Il lui fallait la coopération de tout ce qui bougeait à Jérusalem. Il montait sur un animal humble et sans expérience du fardeau, quelques jours avant de prendre sur lui-même le fardeau du péché de tous. Consciemment, il acceptait les palmes, avant les gifles et les fouets, les manteaux avant la nudité, les Hosanna avant les insultes et les crachats, les « meilleurs amis » avant la débandade. Il sait bien qu’Il ne peut pas compter sur grand monde, mais de bon cœur Il leur laisse donner ce qu’ils peuvent. Sans façons Il recevait ces hommages bien fragiles, avant de dire fermement : « Ma vie, personne ne la prend, c’est moi qui la donne ».
« Veux tu me donner ceci, faire cela pour moi ? » Si souvent, Jésus reçoit des refus polis avec de bons mots d’excuse, quand Il demande quelque chose que l’on préfèrerait garder, lui qui a tout donné. Aujourd’hui, chez nous, de quoi le Seigneur a-t-il besoin ? Nous voulons que rien ne manque, dans cette Semaine Sainte, pour qu’Il puisse célébrer sa Pâque avec nous.
Détachez-le et amenez-le ! Il veut que pour une fois nous soyons un peu détachés de nos préoccupations habituelles cette semaine, que d’heure en heure nous nous attachions à lui.
Il a besoin de son peuple préparé par le jeûne, la prière et l’aumône.
Il a besoin de nos cœurs convertis, réconciliés par une confession simple et forte.
Il a besoin de notre présence fervente, aux offices par lesquels nous l’accompagnerons d’étape en étape, jeudi, vendredi, et la nuit de samedi…
Il a besoin de nos voix pour chanter, nos pieds à laver, nos yeux pour adorer, nos veilles avec lui, de nos bouches pour l’embrasser sur sa Croix, de notre silence pour attendre son Jour.
Il a besoin de disciples qui savent leur faiblesse, se laissent aimer et racheter, et qui en réponse voudraient bien donner leur vie. Un peu de leur vie, pour commencer. Allez, laissons-nous réquisitionner !
Don Enguerrand de Lorgeril +vicaire