« Scrute-moi, mon Dieu, tu sauras ma pensée, éprouve-moi, tu connaîtras mon coeur. Vois si je prends le chemin des idoles, et conduis-moi sur le chemin d’éternité » (Psaume 138)
Le temps du carême est un temps de vérité sur nous-même, lorsque nous mettons notre vie sous le regard de Dieu.
Nous demandons à Dieu de nous donner son Esprit pour éclairer la part d’ombre dans notre existence. De manière concrète, les lectures des messes de carême sont souvent une vibrante dénonciation du péché. En étant attentif à la Parole de Dieu, petit à petit, nous pouvons nous reconnaître dans ce méchant, ce pécheur, cet homme injuste. La loi et les prophètes nous redisent qu’il nous faut nous relever lorsque nous tombons dans le péché. Nous ne sommes pas faits pour prendre racine dans la boue du péché.
La pénitence contribue également à nous extirper de la fange. A cause de notre pénitence, nos passions mauvaises s’exacerbent : le dessert que je partageais facilement dans l’abondance de Noël peut devenir, en temps de jeûne, l’objet égoïste de ma gourmandise. Et lorsque je découvre mon attachement mesquin à ce dessert, je peux plus facilement encore reconnaitre ma petitesse et mon besoin de Dieu. Ainsi, plus j’éprouve ma faiblesse, plus je puis m’appuyer sur la grâce. Plus je me reconnais pécheur, plus je puis implorer la miséricorde du Seigneur.
Faire la vérité sur soi-même, c’est également avoir la joie de découvrir en nous la lumière de Dieu. Dans notre prière, plus intense peut-être durant le carême, nous pouvons redécouvrir que l’Esprit-Saint a fait en nous sa demeure. Le silence nous donne de goûter la profondeur du mystère de notre personne. L’angoisse qui est parfois la nôtre face à ce silence est un indice de notre vocation céleste ; elle révèle la séparation, le manque. Ce n’est qu’au ciel, dans les bras du Père, que nous pourrons reposer dans la paix, libéré de tous nos doutes, de toutes nos questions, car contemplant enfin celui qui comble notre être.
A travers les « scrutins », les catéchumènes qui seront baptisés à la vigile Pascale vivent tout particulièrement ce regard de Dieu sur leur vie, ce discernement qui sépare la lumière des ténèbres. Que leur démarche de conversion aide chaque baptisé à vivre en vérité devant notre Père, et qu’ensemble nous ayons la grande joie de vivre du Ressuscité à Pâques !
don Louis-Marie Boët, p+