3ème dimanche du Temps Ordinaire

Dimanche de la Parole de Dieu

Étrangement, la liturgie de l’Église nous propose ce dimanche de lire le prologue de l’évangile selon saint Luc, avant de reprendre quelques chapitres plus loin, au début du ministère public de Jésus. Dans ces premiers versets, l’auteur nous explique son projet. Puisque d’autres, souvent témoins oculaires, ont souhaité écrire un récit des événements qu’ils avaient vus, celui que la Tradition nous dit être Luc,
compagnon de Paul, décide à son tour de faire une enquête historique sur la vie de Jésus et d’en écrire un exposé pour appuyer les enseignements reçus.

Nous avons ici résumé tout ce qu’est un évangile, selon l’Église : un récit de la vie de Jésus, composé par un auteur qui l’a connu ou qui veut transmettre ce que les témoins lui ont rapporté, pour fortifier la foi reçue par l’enseignement des apôtres. Ce récit, nous enseigne l’Église, est comme toute l’Écriture
inspiré : c’est à dire que « Dieu a choisi des hommes auxquels il eut recours dans le plein usage de leurs facultés et de leurs moyens, pour que, lui-même agissant en eux et par eux, ils missent par écrit, en vrais auteurs, tout ce qui était conforme à son désir, et cela seulement » (Concile Vatican II, Constitution apostolique Dei verbum, 106).

Il y a deux éléments importants dans cette définition. Premièrement, à travers ces paroles, c’est bien Dieu qui nous transmet une parole de vérité, la Parole qui nous apporte le salut : c’est lui qui agit. Mais il ne faut pas oublier que, dans la vision chrétienne de l’inspiration, les auteurs sacrés ne sont pas de simples transcripteurs : ils sont de véritables auteurs, ayant le plein usage de leurs moyens. Ils ont donc un projet, une façon de rédiger, un message à transmettre ; ils appartiennent à leur époque et leur culture.

Il est donc nécessaire, si l’on veut comprendre les évangiles, de chercher ce que veut exprimer l’auteur, quel est son apport, sa manière de voir les choses ; si du moins nous gardons en tête que toute l’Écriture doit être lue dans l’Esprit qui l’a inspiré, et dans la communion de l’Église qui l’a reçue, qui la transmet et qui l’interprète authentiquement.

Les évangélistes ne cherchent pas à tenir un compte-rendu journalistique de la vie de Jésus, et n’ont pas eu accès aux mêmes témoignages ; c’est une des raisons des divergences de rédaction entre les quatre textes. Ce qu’ils veulent, c’est à travers un récit (qui cherche évidemment à suivre les événements), montrer qui est Jésus, nous apporter son enseignement par la parole et par les actes, et nous inviter à avoir foi en lui, comme la prédication nous y invite, pour recevoir le salut.

Manifestement, un des projets de Luc est ici de corroborer l’enseignement des apôtres par un récit sérieux, fruit d’une enquête à la manière des historiens. Il s’agit donc de montrer au lecteur la solidité de la prédication apostolique, fruit d’une mission reçue par Jésus lui-même et de l’Esprit reçu à la Pentecôte. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Luc est également l’auteur des Actes des apôtres, montrant l’expansion et la réception de la bonne nouvelle vécue et diffusée par les Douze.

En ce dimanche de la Parole de Dieu, renouvelons notre désir de lire l’Écriture et d’y trouver la source de la vie, transmise par la Tradition de l’Église. Que cette Parole soit toujours plus le cœur de notre vie et le fondement de notre action !

Don François Doussau + prêtre